Il me semble que j'en ai déjà parlé dans ce blogue, mais je peux revenir sur le sujet : il s'agit de l'unité de mesure non légale et totalement aléatoire. C'est un marronnier dans les forums de langue où l'on s'extasie devant la sottise de certains clichés. La plus répandue est le terrain de football pour indiquer une surface :
120 terrains de football, c'est la taille de la future centrale solaire géante dans le nord-est de l'Italie lancée hier par le groupe américain SunEdison.
C'est extrait d'une dépêche publiée par Libération et Yahoo. On appelle cela du journalisme sérieux, puisque l'on se contente de donner des faits, des chiffres qui impressionnent. Mais c'est aussi sujet à caution qu'une courbe graphique publiée par Claude Allègre.
Seulement, même moi qui suis totalement ignorant en sciences fautebalistiques, je sais que la dimension des terrains de foutreballe varie énormément. Cela peut aller du simple à plus du double ! Elle représente de 4 050 m² à 10 800 m², avec une recommandation pour les
matchs internationaux de 7 140 m². On apprécie la précision... Et on ne précise pas s'il s'agit du vrai football européen, nommé soccer aux Etats-Unis et au Canada, ou du faux football américain nommé aussi football.
Parmi les autres unités de mesure aléatoire, nous avons le terrain de golf ou de basket, le garage, la Belgique (le seul pays que l'on peut distinguer de l'espace grâce à ses autoroutes illuminées), le bassin de piscine, la cabine téléphonique (surtout utilisée pour les groupuscules politiques). On estime que le lecteur peut mieux se représenter la surface si on lui donne un équivalent qu'il a eu l'occasion de voir sur les étranges lucarnes, mais justement cet équivalent ne veut rien dire. C'est utilisé uniquement pour dire soit que c'est énorme, soit que c'est minuscule. Autrefois, on utilise des pouces, des doigts, des pieds, des pas, mais ils avaient aussi une taille fixée selon les villes ou les provinces ou les pays et cela variait déjà énormément. L'invention du système métrique est un des plus grands progrès accomplis par l'humanité, et d'un autre côté il faut le défaire parce que parler d'ares ou de mètres carrés ne dit plus rien au récepteur lorsque l'on veut avant tout communiquer. On fait alors appel aux émotions, aux sentiment comme ceux des amateurs de foteballe qui peuvent ressentir le caractère impressionnant de la surface. Et alors ce n'est plus un chiffre, ce n'est plus un fait même si on le met en tête de rubrique.