Pour notre nouvelle sélection musicale, nous vous proposons deux albums, deux styles différents, à écouter d'urgence en cet hiver qui tarde à nous délaisser. D'un côté la nouvelle production des farfelus Gorillaz, de l'autre, notre Frenchy Villeneuve et sa pop délicieuse. Merci qui?
Gorillaz - Plastic Beach
Damon Albarn l'avait pourtant juré, Demon days (2005) devait être le dernier album de son groupe Gorillaz. Pourtant cinq ans plus tard le génie musical qui a entre temps collaboré avec une variété d'artistes et à un grand nombre de projets (the Good the Bad and the Queen et un titre clef pour Amadou et Mariam, "Sabali" etc.) revient avec un nouvel album, Plastic Beach. Toujours aussi éclectique, chacun y trouvera son bonheur. Amateurs de rap, de pop, d'électro lo-fi rétro-chic: Gorillaz s'entoure d'une pléiade d'artistes en vogue dont Mos Def, Lou Reed et l'éternel Snoop Dog. Les meilleurs morceaux se situent principalement dans la deuxième partie de l'album, impeccable. On aime notamment "Empire Ants" qui opère une transition aérienne et 80s parfaite, le délirant électro "Glitter Freeze" teinté d'influences Jarriennes et le merveilleux "On melancholy hill", sommet de l'album, porté par des nappes de synthés rétro d'une élégance folle et par la voix d'Albarn toujours rassurante. C'est donc un trois opus très réussi que nous délivre Gorillaz, très maîtrisé, dense et ambivalent. Un choc musical à ne louper sous aucun - mais vraiment aucun - prétexte. On vous a prévenu.
**** (4/5)
Villeneuve - Dry Marks of Memory
Quatre ans après son premier opus truculent, First Date, Benoit de Villeneuve, véritable touche à tout, fait son grand retour avec un deuxième album d'une élégance folle, patchwork de la musique qu'il aime. Il convoque tour à tour les esprits de Neil Young et des OMD au cours de dix titres moins "fourre-tout" que sur First Date. Mais renier et critiquer ce premier jet brillant serait un sacrilège tant celui-ci proposait une pop multi-genre jouissive passant du r'n'b au rock et à l'électro avec maestria. Et la voix fragile et hautaine de Mélanie Pain donnait toute la splendeur à des compositions faites de bric à brac sonore plaisant. Pour Dry Marks of Memory, Villeneuve se concentre davantage sur un univers pop-rock avec des morceaux puissants, froids, tout en retenu. A nouveau pourvu de belles collaborations, l'album voit quelques morceaux magiques, tels "The Sun" avec la voix de Nili des Lilly Wood & the Prooks, "Yours and yours" avec Ozarck Henry ou l'odyssée rock "Death Race" en guise de conclusion magistrale. Moins charmant que son prédécesseur, Dry Marks of Memory reste l'honnête oeuvre d'un artisan à l'esprit créatif débordant. Plaisant.
*** (3/5)