Le garage de la nouvelle équipe Hispania Racing n'était pas aussi guetté que
pouvait l'être celui de Mercedes Grand Prix à chaque sortie de Michael Schumacher, de retour en compétition cette année, mais avait également son lot des flashs et d'admirateurs.
Les appareils photo se sont agités plus que de raison une heure après le début de la première séance libre, à la sortie de Bruno Senna, qui empruntait, seize ans après, les traces de son regretté
oncle Ayrton.
Trois petits tours matinaux en guise de rodage avant une série honorable de 17 boucles réalisés par le brésilien. Le rêve aurait pu mal tourner au drapeau à damiers à cause d'un écrou de roue mal
fixé !
« C'était un vrai soulagement d'entrer dans l'histoire ce matin. » a confié le pilote Hispania à l'issue de sa première mais courte journée en F1, achevée à plus de dix secondes du
meilleur chrono de Nico Rosberg. « La voiture s'est comportée comme prévu, tout le monde est heureux et fier. Il reste encore énormément de travail à effectuer. »
« Trois tours ce matin et dix-sept cet après-midi, c'est un bon départ. Évidemment, nous n'avons pas cherché les limites de la voiture. Je suis confiant quant à notre capacité de
travail et je souhaite remercier mes mécaniciens, ingénieurs, et toute l'équipe pour leur travail incroyable. »
Ce matin, Bruno Senna avait reconnu qu'il avait envisagé de ne pas porter le nom de son oncle alors que sa carrière en sport automobile n'en était qu'à ses balbutiements. Le brésilien,
qui fera revivre le nom "Senna" et le mythique casque jaune sur les circuits de F1 pour la première fois depuis 1994 est bien conscient qu'il ne pourra éviter les comparaisons mais espère que
ses performances en F1 lui permettront de se libérer de l'ombre imposante de son oncle, triple champion du monde avant un accident mortel sur le circuit d'Imola le 1er mai 1994.
« J'espère que dans très peu de temps, les gens se souviendront de moi, Bruno, et pas du nom de mon oncle. » a-t-il confié. « J'ai appris à vivre avec et même si cela m'a aidé à
trouver des sponsors et des contacts au début, il faut avoir un talent naturel pour être pilote. »
Le vice-champion GP2 2008 estime que ne pas courir sous le nom de son oncle aurait plutôt pu ternir sa réputation : « Nous nous sommes rendus compte dès le début que ce n'était pas le
peine de changer de prénom pour éviter d'attirer l'attention. Dès qu'une personne aurait découvert mon identité, elle m'aurait demandé : '"Pourquoi n'utilises-tu pas ton vrai nom ? Tu en
as peur ?" J'ai donc pensé que c'était simplement mieux de faire ainsi et d'affronter la pression. »
D'Ayrton à
Bruno.