C'est au cours d'un rendez-vous de chantier que le débat est arrivé : le Compagnon maçon m'a proposé un enduit monocouche alors que je lui ai demandé un enduit au mortier de chaux taloché en une seule passe (donc forcément à peine irrégulier).
"Mais il va y avoir des risque de fissures et des auréoles partout !" me dit-il...
C'est alors que l'idée survient comme un éclair :
"un mur sans fissures, sans auréoles, ce n'est plus un mur. "
Ca en devient révoltant. Le désir d'architecture aseptisée, mécanique, contrôlée est le reflet de notre société : un vernis uniforme, une surface sans porosité, un genre d'étanchéité, de maquillage raté.
Ces matériaux, dans leur nature (le mortier, la pierre, le bois) changent et si nous savons composer avec eux, nous n'avons pas le contrôle total. Il faut intégrer dans la conception du bâtiment leur liberté intrinsèque. Ces changements, ces rides, ces épaufrures donnent toute sa douceur à une architecture qui n'a pas à être aimable. Ainsi, un bâtiment pauvre (par pudeur certains disent simple) retrouve une immense dignité lorsque son architecture, lorsqu'elle est austère, est soumise à l'épreuve du temps.