© Pierre Gleizes
Greenpeace ne lâche rien ! Vendredi 12 mars, vers midi, trois zodiacs de Greenpeace se sont positionnés devant le cargo russe Kapitan Kurotev, arrivé à 3h ce matin dans le port de Montoir-de-Bretagne (Loire Atlantique). Quatre nageurs tiennent une bannière de 5m x 3m avec le message « La Russie n’est pas une poubelle ». Depuis une embarcation, des activistes ont peint un logo radioactif sur la coque du Kapitan Kuroptev et deux canoës empêchent le navire russe de bouger.
Cette action intervient au lendemain d’une première phase déclenchée en région parisienne. Une dizaine de militants de Greenpeace avaient bloqué en gare de Valenton (Val de Marne) le convoi ferroviaire acheminant les déchets nucléaires vers le port de Montoir-de-Bretagne.
L’Esperanza, le navire de Greenpeace, reste positionné non loin de là, dans l’estuaire de la Loire.
« Ces expéditions scandaleuses de déchets nucléaires en Russie doivent cesser, déclare Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire de Greenpeace. Comme les pouvoirs publics ne prennent pas leurs responsabilités en imposant un moratoire immédiat, nous mettons tout en œuvre pour perturber ces opérations. »
Des chiffres officiels accablants
Comme ces convois ne seraient pas autorisés si les matières exportées étaient qualifiées de déchets, Areva et EDF jouent sur les mots : ces matières expédiées en Russie ne seraient pas des déchets car elles seront peut-être réutilisables un jour !
Cette affirmation est fausse, des chiffres officiels le prouvent. Le rapport sur les flux de matière entre la France et la Russie fourni par le Haut fonctionnaire de Défense et publié en décembre dernier montre que depuis 2006, 33 000 tonnes d’uranium ont été exportées vers la Russie (dont 23 540 tonnes d’uranium appauvri), alors que seules 3 090 tonnes ont fait le chemin inverse (et ne sont probablement pas issues du recyclage des matières envoyées). Quid des 30 000 tonnes manquantes ?
« Les industriels affirment que les déchets envoyés en Russie sont enrichis pour faire un nouveau combustible. C’est comme si on envoyait aux Russes des oranges déjà pressées pour faire du jus, explique Yannick Rousselet. C’est techniquement faisable, mais si compliqué, si cher, si peu rentable qu’ils ne le font pas. »
Un scandale qui touche aussi le public
Depuis le début de l’année, Greenpeace intervient sur tous les transports de déchets destinés à la Russie et demande à Jean-Louis Borloo un moratoire sur ces exportations. Le grand public se mobilise lui aussi en masse, plus de 27 000 lettres ont déjà été envoyées au ministre de l’Écologie et de l’Énergie via la page www.greenpeace.fr/stop-nucleaire