Je viens de parcourir une étude de l'IFOP intitulée "les personnalités préférées des enfants". J'ai avec attention la méthodologie suivie pour assurer la représentativité de l'étude : 355 enfants, seulement, cela me paraît un peu juste, mais, passons...
Non, ce qui me choque, c'est le titre au regard des conditions de l'étude ; en fait, dans un premier temps, j'ai consulté les données brutes du sondage, sans en considérer l'organisation. Et mon premier réflexe a été le désolement. Je me suis dit que nos enfants, ceux qui sont âgés de 7 à 14 ans, ne placent dans leur palmarès que des people, du show-bizz et des sportifs, à de très rares exceptions près. C'est à dire des gens qui sont plein aux as, vivent de la futilité de leur public, et dont l'action principale est basée sur l'apparence. Pas un humanitaire, là-dedans. Trois politiques, seulement, Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et Rama Yade (oups, j'oubliais Chirac, mais il est à la retraite). Seulement, voilà la méthode exacte utilisée pour construire le classement, je la copie ici :
Voici une liste de 60 cartelettes. Sur chaque cartelette figure le nom d’une personnalité française. J’aimerais savoir quels sont les dix Français que tu aimes le plus aujourd’hui et que tu trouves les plus sympathiques. Pour cela, je vais te demander d’abord de faire deux tas avec ces cartelettes en mettant : sur cette feuille (tapis 1) les personnalités que tu aimes bien, et sur cette autre feuille (tapis 2), celles que tu n’aimes pas ou que tu ne connais pas. Ensuite en reprenant les cartelettes des personnalités que tu aimes bien (c’est-à-dire celles qui sont sur le tapis 1), peux-tu me dire quelles sont les 10 personnalités que tu aimes le plus ?
Ce que la fiche technique ne comporte pas, ce sont les motivations de l'IFOP pour établir la liste des 60 personnalités. Pourquoi un nom plutôt qu'un autre ? Est-ce que l'IFOP s'est contenté de reprendre des classements établis par des adultes afin de déterminer ce qu'en pensent les enfants, en en bannissant tous les humanitaires et les associatifs ? Quoi qu'il en soit, il n'est pas honnête de titrer "les personnalités préférées des enfants" alors qu'il ne s'agit que d'un choix au sein d'un échantillon prédéterminé sur lequel les enfants n'ont pas eu leur mot à dire.
Bref, l'équation cartelettes = Français, elle me pose un problème à la fois éthique et logique...
Regrettable, d'ailleurs, qu'un magazine pour enfants, le Journal de Mickey, se prête à cette mascarade. J'ai globalement plutôt confiance dans les méthodes des sondeurs, mais objectivement, cette fois, c'est raté. Je vais écrire, à défaut, aux auteurs du sondage pour leur demander comment ils ont déterminé qui devait figurer ou non sur les cartelettes...