Depuis quelques jours que le Canada prend peur de voir arriver Amazon sur son territoire, avec l'installation d'un centre logistique qui simplifiera l'envoi des marchandises, le cybercommerçant n'avait toujours pas levé le petit doigt pour réagir. Eh bien hier, la politique a changé.
C'est Paul Misener, actuel vice-président de la politique publique mondiale, qui a rencontré par ailleurs les personnes du gouvernement canadien qui se fait le porte-parole de la firme. « Nous sommes heureux de continuer d'échanger avec les décideurs sur les avantages que nous avons apportés à la culture canadienne, tant au Canada lui-même qu'à l'échelle internationale. » Du vent, en clair.
Le problème est simple : le pays verrouille l'implantation d'acteurs étrangers, dans le domaine culturel, afin de donner une place plus grande aux auteurs du pays et à la culture propre plus généralement. Et l'angoisse de voir arriver Amazon avec ses gros sabots américains fait actuellement frémir, rappelle Canadian Press.
La société basée à Seattle a donc fait une demande officielle pour ouvrir son centre, alors que depuis huit années, « Amazon.ca fait un travail plus efficace pour promouvoir la culture canadienne au Canada, ou dans le monde entier, que n'importe quel autre revendeur » ajoute Misener.
En outre, une telle installation aurait pour conséquence de créer des emplois et de faire baisser le prix des commandes - du fait des frais de port. Ce serait donc économiquement tout bénéf pour les Canadiens, autant que pour les taxes perçues par le gouvernement. Sauf que les libraires du pays, et leur syndicat devant eux, redoutent l'arrivée d'un tel acteur. Aujourd'hui, le Canada est ainsi le seul pays où Amazon vend des livres sans disposer d'un centre de distribution sur place.
Et que l'on est en droit de se demander dans quelle mesure la logique économique doit primer sur la législation en cours...
Pour l'heure, les discussions se prolongent et le délai d'examen de la demande, formulée le 27 janvier dernier, qui normalement parvient à échéance 45 jours plus tard, pourrait être exceptionnellement prolongé de 30 jours.
Aujourd'hui, le gouvernement se rend bien compte que des secteurs comme celui de la culture doivent s'ouvrir. La question reste : jusqu'où et à quel rythme...