De courtes nouvelles qui dérangent.
Langue épurée et parfois plate pour décrire, ou plutôt suggérer des situations d'une intense charge émotionnelle.
Anne Walter, d'abord script puis scénariste pour Robert Bresson se lance avec un certain succès dans l'écriture.
Ce qu'elle écrit a quelque chose de terrible et de sulfureux.
Dans ce recueil de nouvelles qui fonctionne normalement en binôme avec la nuit coutumière, que je n'ai pas lu mais que j'espère trouver à la bibliothèque, l'auteur met en scène des héroïnes dans des situations scandaleuses qui mettent le lecteur mal à l'aise.
Ces femmes sont toujours fragiles, comme en attente d'on ne sait trop quoi et se laissent abuser dans l'acceptation et la soumission.
Elles sont toujours manipulées, comme sous l'emprise d'un désespoir blanc qui les oblige à une sorte de disponibilité à tous les possibles, même les plus pervers.
Anne Walter pose beaucoup de silences dans les bribes de dialogues.
Dans ces creux des relations humaines où rien ne se dit et où tout se vit de manière pourtant très intense, l'auteur veut faire émerger "cette attente qu'on a envers des gens qui prennent au lieu de donner".
Je pense sincèrement que cette phrase est une bonne clé pour la lecture de ces courts textes, qui remuent, étonnent, et peuvent révolter."— Pas de fausse honte, dit-il exposant mes jambes. L’étoffe de ma jupe est durcie de sang et sperme séchés.
— Incroyable, ajoute-t-il.
Silence autour de nous. Regard insondable de l’homme. Pénombre sur mon corps pâle et meurtri.
— Comment peut-on… dit-il.
Pose le gant de toilette roulé en boule et souillé. Quoi ? Non – si ? Je ne me trompe pas. La main du sauveteur – lente – va du genou vers la cuisse. La main frôlante s’insinue où l’autre m’a forcée. Est-il enivré par la chair soumise ?"
Un bel article de Guy Ferland paru dans Le devoir : De la perversité comme l'un des beaux arts.
La présentation de l'éditeur,
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