Vu au cinéma : Avatar

Par Caladan

Jake Sully est un homme brisé. Ex-marine devenu paraplégique, ce combattant se voit offrir une seconde chance lorsqu'on lui propose de prendre la suite de son défunt jumeau, un scientifique envoyé sur la lune Pandora grâce aux financements d'un puissant consortium qui exploite sur place un précieux minerai.
Moyennant un généreux salaire qui lui permettra de soigner son handicap, Jake devra explorer les jungles hostiles de Pandora en projetant son esprit dans l'avatar qui était destiné à son frère. Ces avatars, permettant d'affronter plus aisément l'hostile planète tout en facilitant une mission de pacification, sont d'onéreux hybrides nés du croisement ADN entre les Terriens et les Na'vis, une race d'autochtones humanoïdes. Mais entre la mission scientifique héritée de son frère, et son attachement aux valeurs martiales qui menacent de dominer la colonisation humaine, Jake va devoir faire un choix.
Que dire d’Avatar ?
Ce fut mon premier film vu en 3D, c’est donc un évènement à l’échelle de ma petite vie culturelle.
Le rendu de la 3D est certes impressionnant et convient bien à un film d’action qui vaut essentiellement pour ses batailles et le spectacle d’un nouveau monde exubérant tant par sa géographie (montagnes volantes, cascades et jungle luxuriante) que sa faune (ptéranodons hystériques et tricératops relookés) ou sa flore (arbres géants, saules télépathes…).
On retrouve le goût de James Cameron pour les univers saturés de détails, limite kitsch, ce qui donne vite le tournis avec une couche de 3D, tant le regard ne sait plus où se fixer (sans parler des effets de flou ajoutés par la réalisation…).
La 3D constitue surtout un nouveau pas dans la jonction entre le cinéma et le jeu vidéo, on s’imagine déjà pilotant un exo-squelette ou tirant des flèches sur les héliporteurs…
Avec la technologie de l’avatar, qui permet au héros handicapé de se projeter dans le corps d’un agile humanoïde Na'vi, on dépasse le stade de la métaphore.
On est dans la glorification pure du jeu vidéo qui permet d’habiter le corps de n’importe quel super-héros, super-soldat, super-sportif, ce qui nécessiterait des décennies d’entraînement dans le monde réel…
Lorsque les indigènes Na'vi se connectent par l’extrémité d’une natte filandreuse aux arbres télépathes ou aux animaux télécommandés, on pense à eXistenZ de Cronenberg, où les personnages se branchaient via un cordon ombilical à une console de jeu biologique, et qui jouaient déjà avec les inversions du réel et du virtuel.
Sur Pandora, tout est interconnecté : les arbres, les N’avi, les animaux. On est dans la métaphore du réseau, d’un Massive Multiplayer RPG à l’échelle d’une planète.
Au final, le héros ne sait plus si sa vraie vie est dans le réel/réel ou dans le réel/virtuel de son avatar, si bien qu’il choisira de basculer définitivement dans son double.
Le virtuel est meilleur et plus fort que le réel.
Le scénario quant à lui, qui ne brille pas par son originalité, et défend une morale consensuelle écolo-guévariste de résistance à l’uniformisation imposée par les méchants capitalistes.
Petite anecdote, j’ai été frappé de la proximité de l’univers cameronien avec la BD Aquablue : les personnages (les humanoïdes Na'vi, les Marines yankees et leur technologie (exo-squelette)) et le scénario (l’invasion d’un monde idyllique par une colonie minière, l’élu humain qui s’allie aux indigènes pour contrer l’offensive humaine, la contre-attaque de la Nature…) ressemblent à s’y méprendre à l’épopée aquatique de Cailleteau et Vatine. Mais bon, je doute que Cameron trouve le temps de lire Aquablue
Pour conclure, ce qui est vrai pour les personnages (le virtuel est plus fort que le réel) n’est pas certain pour le spectateur.
On ressent peu d’émotions à la vision de ce péplum numérisé. Quelques jours plus tard, il ne reste plus grand-chose du choc initial.
En matière de cinéma, le réel encore le plus fort.
Film américain de James Cameron avec Sam Worthington, Sigourney Weaver, Zoe Saldana. (2 h 41.)
Bande annonce :

bande annonce par Filmtrailer.com

http://www.avatarmovie.com/