Ce matin, m'est revenu en mémoire un coin paumé des Vosges où, gamin, un oncle et une tante y avaient une petite maison dans la prairie, j'adorais aller.
Rigole(s).
Si un mot peut résumer un lieu, et si ce mot peut ensuite façonner l'idée, le souvenir que l'on a de ce lieu, ce serait celui là. Rigole.
Des rigoles traversaient en effet les champs situés en contrebas de la bicoque.
On pouvait s'y planter facilement les chevilles.
Ces rigoles étaient parallèles entre elles. Parallèles au petit ruisseau qui était plus bas, à la lisière d'une forêt dans laquelle nous aimions nous engoufrer. Non, loin une vieille scierie. Ca sentait bon la sciure.
Le ruisseau, nous y faisions des barrages. On y cherchait de l'or. On y croisait des petits poissons. On y trempait les pieds, affrontant avec des rictus le froid de l'eau. Dégustant cette douce sensation ensuite du corps qui se réchauffe.
Dans la maison, nos parents étaient ensemble. Ca mangeait, parlait, riait. Ca bossait, aussi. La maison était perpétuellement en chantier. Ca jouait à la pétanque. Parfois au foot avec les gamins, comme ils disaient.
Rigole.
J'ai toujours en moi ce rêve d'une cabane dans les Vosges.
Il est bon, ce rêve. Tout chaud.
Je crois qu'il rigole.