Splendide honneur de Mai, j’aime le Lis royal!
Sa tige est haute afin que rien ne le salisse;
Il s’exhale, la nuit, de son large calice,
Comme d’un encensoir, un parfum virginal.
Lorsque sur la nature a souri Floréal,
Il ouvre au bord des eaux sa robe blanche et lisse;
Malheur au criocère imprudent qui s’y glisse!
Il meurt, ivre d’amour. O fleur de l’Idéal!
O lis immaculé! Couronnant ta corolle,
Tes pistils d’or te font une fière auréole,
Et l’honneur pour emblème a choisi ta blancheur.
Dieu t’aimait, car il fit la Vierge à ton image,
Et mit sur la beauté de son jeune visage
Ta pudique noblesse et ta pâle fraîcheur.
(José-Maria de Heredia)