Jeudi 11 mars, Nicolas Sarkozy a parlé violences scolaires et réchauffement climatique, taxe sur les transactions bancaires et enquête sur les produits financiers dérivés. Il a même demandé l'interdiction des transactions spéculatives sur ces dits produits. Jeudi donc, notre Monarque était à nouveau «social», «sécuritaire », et « écolo ». A trois jours du scrutin des élections régionales, il communiquait... pour ne rien dire.
Finalement, l’environnement, ça suffit, ou pas ?
Jeudi 11 mars, Nicolas Sarkozy intervenait à une conférence internationale sur la déforestation, organisée à Paris, devant des représentants des pays des principaux bassins forestiers de la planète: Congo, Amazonie et Papouasie-Nouvelle Guinée. A quelques heures du premier tour des élections régionales, cette intervention publique sur un thème écologiste était bienvenue pour le président français. La semaine dernière, l’opération séduction de Sarkozy au Salon de l’Agriculture a heurté les écologistes. Le Monarque a commis une belle gaffe, en déclarant que «ces questions d'environnement (...) ça commence à bien faire». . Jeudi, la girouette élyséenne a changé son fusil d’épaule. « Sarko l’écolo » était de sortie : « Ce qui est en cause, c'est tout simplement la survie de l'humanité et celle de la planète. On ne va pas renoncer à cet objectif parce que Copenhague a été un exemple de mauvaise organisation! »
Il a surtout réclamé une nouvelle méthode de travail sur le réchauffement climatique. « Si vous faites comme pour Copenhague, vous allez à l'échec, c'est certain ». Critique contre l’ONU à l’issue du sommet de Copenhague, le Monarque a prévenu : « L'ONU est absolument indispensable (...) mais les méthodes de travail doivent changer ». Il a suggéré que les 28 signataires de la déclaration (minimaliste) finale de Copenhague se constitue en groupe de travail pour avancer. Jamais avare de propositions, le président français s’est déclaré une nième fois favorable à une taxation des transactions financières internationales, pour financer la lutte contre le réchauffement climatique et la déforestation : « Je prendrai, avec d'autres, des initiatives au G-20, que la France présidera en novembre 2010, pour que soit rapidement adoptée une taxe sur les transactions financières ». Quelle est valeur de cette nouvelle promesse ? Quasi-nulle. En septembre dernier, Sarkozy faisait la même proposition, avant un autre G20, à l’époque pour l’aide au développement, … et sans plus d’effet. En 2001, le gouvernement Jospin avait déjà fait adopter une disposition dans sa loi de finances pour 2002 prévoyant une taxe sur les transactions de change pour financer l’aide au développement … sous réserves que les autres membres de l’Union Européenne adoptent un dispositif similaire. Neuf ans plus tard, Sarkozy recycle la même idée, cette fois ci pour le climat et les forêts, le tout sur fonds de baisse des fonds alloués à l’Aide Publique au Développement.
Communiquer pour ne rien dire
Le président français a également reçu quelques ministres pour discuter des violences scolaires. Pourquoi pas ? C’est après tout son boulot. Mais il fallait qu’il le dise. Communiquer sur la moindre réunion de travail est une vieille exigence de la communication sarkozyenne. En matière d’annonces, la moisson fut maigre. «Nous lui avons fait un premier bilan du plan de sécurisation et de sanctuarisation des établissements scolaires que nous avons mis en oeuvre à la rentrée dernière (...) puis nous avons évoqué la tenue des prochains états généraux de la sécurité à l'école» a expliqué le porte-parole du gouvernement ET ministre de l’Education Nationale Luc Chatel.
C’est tout.
Rien de plus.
Vendredi, les lecteurs du Figaro pourront découvrir un autre exercice de communication politique. Le quotidien de Sarkofrance publie exceptionnellement son supplément magazine un vendredi pour parer aux critiques l’accusant de troubler le jeu électoral. Dans cette interview (électorale) à paraître dans le Figaro Magazine la veille du 1er tour des régionales, Nicolas Sarkozy promet une pause dans les réformes pour la fin de l’année 2011 (« au second semestre 2011, le gouvernement marquera une pause pour que le Parlement puisse, s'il le souhaite, de légiférer »). A cette date, il dira également s’il est candidat ou non à sa réélection. «Je prendrai position à la fin de 2011, en tenant compte d'un certain nombre de critères collectifs et personnels». Quel suspense ! Le Monarque se défend toujours de faire campagne au nom de l’UMP. «Je n'ai pas donné de consigne de vote et je ne le ferai pas. Mais convenez qu'il serait étrange que je sois le seul à ne pouvoir expliquer l'enjeu des élections régionales ». En avril, il promet des mesures importantes sur l’identité nationale. En septembre, la réforme des retraites devra être adoptée. Sur l’état (déplorable) des finances publiques, il botte en touche, et répète les « éléments de langage » habituels : « La vérité, c'est que nous tenons la dépense publique et que c'est la crise qui a fait chuter nos recettes fiscales». Cet argument est faux, mais ce n’est pas grave. La pédagogie est l’art de la répétition, paraît-il. La Cour des Comptes avait relevé, il y a à peine un mois, que la politique fiscale et économique de Nicolas Sarkozy avait aggravé le déficit budgétaire de 0,6 points de PIB depuis 2007, hors impact de la crise sur les recettes fiscales et hors plan de relance. Sarkozy répète aussi que les impôts n’augmenteront pas. Au passage, Nicolas Sarkozy glisse une ancienne – et funeste – idée : la «TVA sociale».
Trois mauvais chiffres, parmi d’autres.
321 500, c’est le nombre d’emplois du secteur privé détruits en 2009 d’après le gouvernement. Ce dernier attribue à l’industrie et la construction les plus fortes baisses. Fidèle à son habitude, la ministre de l’économie Christine Lagarde a trouvé quelques motifs de satisfaction dans le « ralentissement important des destructions d'emploi ». Ce bilan est pourtant nul, comme le rappelle notre confrère Slovar.
2 milliards d’euros, c’est le montant des bonus que les 7750 traders des banques françaises percevront au titre de 2009 : 250 000 euros en moyenne chez BNP Paribas, 245 000 euros chez Crédit Agricole, 214 000 euros à la Société Générale, et 131 000 euros chez Natixis (Banques Populaires/Caisses d’Epargne, dirigée par François Pérol, un proche du chef de l’Etat). Le Monde rappelle que le salaire net moyen annuel des Français s’établissait à 24 000 euros en 2007: « ces primes représentent entre 5 et 10 années de travail » pour le commun des Français. Ces bonus sont 20% supérieurs à ceux de 2008, et à peine 20% inférieurs à 2007, année record.
47%, c’est la cote de popularité de Nicolas Sarkozy auprès des agriculteurs, d’après le baromètre IFOP-Journal du Dimanche de février 2010. Elle était de 87% en mai 2007, suivant le même baromètre. Les proches du président font semblant de ne pas y prêter attention. Mais les militants de droite sont « en plein doute ». Les dérapages xénophobes de certains responsables de l'UMP n'arrangent rien.
Almi sarkozyste, voteras-tu dimanche ?