De cette première collaboration avec Polanski, on pourra retenir deux choses pour Alexandre Desplat : de un, il est aujourd’hui devenu le compositeur bankable et de deux, il le sait. The Ghost Writer n’est ni d’une originalité folle, ni d’une audace incroyable mais montre tout le talent du Français.
Alexandre Desplat est comme ces beaux gosses ou ces mannequins qui savent qu’ils sont beaux et qu’ils plaisent. Ils n’ont pas besoin d’être spécialement gentils ou intéressants pour attirer. Quelque part, Desplat se complaît dans cette situation. Depuis ses débuts en France, sur des projets plus ou moins importants, on avait connu un compositeur motivé et innovant, qui creusait sa musique.
The Ghost Writer n’est pas exempt de toute originalité : ses rythmiques dans les vents graves, une petite touche d’électronique, du jazz… On retrouve bien le feeling Polanski finalement, qui après avoir travaillé avec les immenses Wojciech Kilar et Krzysztof Komeda, a du mal à retrouver un compositeur à sa taille.
Desplat navigue donc entre musiques de thriller entendues milles fois, cordes stressantes et timpani dans les oreilles pour faire sursauter.
Mais il faut reconnaître que certains morceaux rythmés sortent du lot. “Travel to the Island” reprend le thème du film avec un crescendo tout en douceur (et les fameuses rythmiques à la Desplat côté percussions), “Chase on the Ferry” nous ramène au dernier - pour moi en tout cas - grand score du compositeur : Syriana.
Sur tout le disque flotte un drôle de mix, quelque part entre une recherche dans les sons (clarinettes, trompettes, rythmique électronique, brisure dans le rythme) et un classicisme bête et méchant, les deux se joignant dans l’avant-dernière piste du disque : “The Truth about Ruth”. Montée de cordes, passage de mineur en majeur, reprenant avec brio ce que James Newton Howard, un vieux briscard du scoring, fait depuis 20 ans les yeux fermés.
Baignant le film dans un climat toutefois étrange, ce nouvel opus de Desplat est autant un certain plaisir qu’une déception. Plaisir parce qu’il sait tout de même mener sa barque avec talent… Déception parce qu’il s’agit toujours de la même barque. Nous attendons qu’il nous prouve le contraire !