Flammarion
ISBN : 978-2-08-123189-4
Le 22 février 1942, exilé à Pétropolis, Stefan Zweig met fin à ses jours avec sa femme, Lotte.
Le geste désespéré du grand humaniste n’a cessé, depuis, de fasciner et d’émouvoir. Mêlant le réel et la fiction, ce roman restitue les six derniers mois d’une vie, de la nostalgie des fastes de Vienne à l’appel des ténèbres. Après la fuite d’Autriche, après l’Angleterre et les États-Unis, le couple croit fouler au Brésil une terre d’avenir. Mais l’épouvante de la guerre emportera les deux êtres dans la tourmente – Lotte, éprise jusqu’au sacrifice ultime, et Zweig, inconsolable témoin, vagabond de l’absolu.
Mon avis :
Ma lecture enthousiaste du livre de Claude Pujade-Renaud, Les femmes du braconnier, m’a incitée à poursuivre mes explorations dans le domaine des biographies romancées. Si je connais relativement bien Sylvia Plath et Ted Hughes, je n’entends rien à Stefan Zweig que je ne connais que de nom. Sa vie ne m’est pas étrangère, mais n’ayant jamais lu aucun de ses romans, je n’ai qu’une vision superficielle et extérieure de son œuvre. Ayant décidée de combler un jour ou l’autre cette pitoyable lacune, la parution du livre de Laurent Seksik ne pouvait pas mieux tomber, offrant une entrée en la matière originale et plus générale que le choix -parfois un peu arbitraire- d’un roman choisi parmi d’autres.
Le bilan de cette lecture est malheureusement assez mitigé ; s’il ne fait absolument aucun doute que ce roman est superbement écrit et documenté et que l’auteur a réalisé un travail admirable, je n’ai pas du tout accroché. Tout au long de ma lecture, j’ai attendu de ressentir cette fièvre obsessionnelle qui se développe invariablement lorsqu’un sujet m’accroche et ne me lâche plus et dont les symptômes sont reconnaissables : multiples recherches internet, sélection draconienne d’ouvrages, questions incessantes à toute personne susceptible de m’en dire plus et omniprésence du sujet dans la moindre conversation.
Cet avis est tout à fait subjectif et ne remet pas en cause la qualité du roman, puisque ce n’est pas un manque au niveau de la forme, mais au niveau du fond : cette plongée dans les derniers mois de la vie de Zweig et de sa seconde épouse n’a rien éveillé en moi.
Par un effet que je qualifie volontiers de pervers, le fait de ne ressentir aucun intérêt à la lecture de ce roman ne m’incite pas du tout à aller lire les ouvrages de Zweig. Pourquoi effet pervers ? Parce qu’intellectuellement, je considère que se baser sur la vie d’un écrivain pour analyser son œuvre, comme le faisait Sainte-Beuve, est loin de toujours donner un éclairage supplémentaire à l’œuvre, mais peut conduire à des contresens plus ou moins importants et à donner une idée fausse de son œuvre. A fortiori quand il s’agit d’une biographie romancée, donc un ouvrage qui reste apparenté à de la fiction.
Ceci étant, si les lectures éventuelles de Zweig sont, pour moi, remises à une date ultérieure, il est très probable que d’autres au contraire soient enchantés par cette lecture et désirent par la suite (re)découvrir les ouvrages de l’écrivain autrichien.
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