Genève, correspondance.
L’affaire des prisons secrètes de la CIA et des transferts illégaux de présumés terroristes par les États-Unis vers différents pays peu « regardants » sur la conformité de certaines techniques d’interrogatoire avec les droits de l’homme n’en finit pas de rebondir. Tant ses conséquences embarrassent de nombreux États à travers la planète (y compris des États européens). Un rapport sur le sujet – préparé par plusieurs experts des Nations unies et appuyé notamment sur les travaux de deux rapporteurs spéciaux, celui pour les droits et les libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste, Martin Scheinin, et celui contre la torture, Manfred Nowak – vient faire de nouvelles vagues, cette fois au Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Des pays membres de l’Organisation de la conférence islamique (comme l’Égypte, le Maroc, le Pakistan… ) et un groupe de pays africains ont obtenu un report du débat sur le rapport. Pour l’instant, au mois de juin. En effet, même si les pratiques de délocalisation de la torture sont désormais connues, ce travail met en évidence la participation de quelque… 66 États à ce système mis en place par Washington et la CIA. Selon le sénateur helvétique Dick Marty, auteur d’un rapport sur le même sujet pour le Conseil de l’Europe, ce rapport « met en évidence, au-delà des 14 pays européens, un réseau mondial. Il démontre comment les services secrets peuvent élaborer des pratiques hors de tout contrôle démocratique. Et on est encore loin d’avoir fait toute la lumière sur le sujet »…
Ramine Abadie / 10 mars 2010 / humanite.fr