L’Etoile de Vénus (II) (José-Maria de Heredia)

Par Arbrealettres


Elle semblait plier dans ses cheveux châtains
Retombant mollement en cascade ondoyante,
Si beaux que l’on voudrait les prendre à pleines mains,
S’y plonger, respirer leur odeur enivrante.

De son robuste corps, la volupté puissante
S’exhalait; on voyait s’agiter sur ses seins,
Globe marmoréens, sa robe frémissante; -
- L’oeil ébloui tremblait sur ces contours divins.

Un souffle ardent gonflait ses mobiles narines,
Et l’on voudrait baiser sur ses lèvres mutines
La fraîcheur de son sang. Son oeil étincelant

Et noyé de langueur attirait comme l’onde;
Qu’il est doux de mirer dans cette mer profonde
Et mordre, ivre d’amour, à ce corail sanglant!

(José-Maria de Heredia)