J'ai toujours mon filet et ma pince à épiler dans un tiroir de mon bureau. Quand je vois un sentiment nouveau sur l'épaule d'un collègue, je le saisis et le mets dans une petite boîte au milieu d'un lit de coton. Dans mon appartement , une pièce entière est dédiée à ma collection de sentiments. Accrochés avec des épingles, les insectes reposent dans une vitrine, alignés par espèce, une étiquette indique leur nom. de petites lumières mettent en valeur leurs couleurs ou leur fadeur, les font paraître comme des diamants dans une bijouterie."
J'ai eu comme une petite erreur de casting avec ce roman de Martin Page dont je voulais absolument découvrir la plume. Son humour particulier m'a vraiment semblé trop décalé, moi qui aime pourtant l'utilisation de l'absurde en littérature. Malgré cela, j'ai conservé tout au long du livre une sympathie sans faille pour l'auteur, ai eu envie de souligner beaucoup de passages critiques ou sensés et ai tout à fait compris que je n'avais rien saisi de la subtilité des situations... Voilà qui est bien paradoxal.
En vous dévoilant une partie de l'histoire, vous comprendrez mieux mes impressions de lecture... Un homme, au fil des pages d'une parfaite journée parfaite, passe ses journées à se suicider, sans y arriver, ou plutôt il renaît ou revit à chaque fois ensuite. Puis un requin a élu domicile à l'intérieur de son corps, alors forcément ce n'est pas la grande forme, mais ça c'est une autre histoire. Il faut dire que lorsque l'on se déguise pour aller travailler et que l'on choisit de prendre ses vacances dans un ascenseur, la vie a un sérieux goût de déraison.
Je laisse la parole à Martin Page car qui mieux que lui peut expliquer au mieux son travail...
"Le héros est inspiré de la figure créée par Colin Higgins dans Harold et Maude (le film, merveilleux, est aujourd'hui plus connu que le roman) : ce personnage qui passe son temps à se suicider. Je crois que le désir quotidien de mourir est un sentiment largement partagé, même si l'on en parle pas."
"Toutes les lectures sont possibles, mais, de mon point de vue, la plus superficielle consiste à faire de ce roman une critique du monde de l'entreprise, du capitalisme et de la société de consommation. La critique est présente, certes, mais l'enjeu de ce roman ne se trouve pas là."
J'ai beaucoup pensé à ce livre là (Zéros tués) pendant ma lecture et je pense l'avoir sur ce même thème préféré, peut-être.
Par ailleurs, vous trouverez en suivant ce lien une interview passionnante de l'auteur.
Allez, je reste cependant heureuse de cette découverte hautement "atypique". L'auteur a un blog, vous pouvez le suivre ici : http://www.martin-page.fr/blog/.