Par Monsieur Jean-Marie CHARRIER
La ROCHE/ YON- 85 LA VENDEE, FRANCE
Au début de 2001, j'ai eu la chance de passer quelques semaines dans le Nord du BURKINA FASO, le pays des hommes intègres, en Afrique de l'ouest . Il s'agissait de participer à des échanges d'expériences avec des paysans burkinabés organisés, entre autres, pour confirmer la désertification du Sahel.
OUHIGOUYA, ville du séjour est dans la zone sahélienne que le Sahara semble inexorablement se rapprocher depuis quelques décennies. La saison sèche est de plus en plus longue et dure , déjà 7 mois, ne laissant guère que Juin à Octobre - la saison des pluies - pour assuer la production du mil et du sorgho, cultures vivrières ancestrales . C'est une situation inquiétante contre laquelle réagissent avec énergie les cultivateurs de là-bas qui représentent les trois -quarts de la population de ce pays .
Six S, NAAM ET AFDI
" Se Servir de la Saison Sèche en Savane et au Sahel " , c'est ça les Six S ... Plus qu'un slogan, un programme à la fois ambitieux et réaliste : pendant qu'il ne pleut pas, on met en place des diguettes enrayant l'érosion , voire les ravinements des averses violentes de la saison des pluis, on anticipe celle-ci en préparant les semis par le ZAÏ ( semences enrobées de compost en place avant dans un terrain bêché et plus ambitieux, on crée des barrages qui permettent d'irriguer en saison sèche.
Au Burkina, les six S ont été lancés par les groupements NAAM, évolution d'une structure communautaire traditionnelle , et par là très bien accueillie, qu'un animateur paysan , Bernard LEDEA OUEDRAOGO a su orienter vers un dévéloppement solidaire .
Alertés par les grandes disettes au Sahel de la décennie 1970, des paysans français, en particulier en pays de la loire, organisés en " agriculteurs Français et Dévéloppement International " ( AFDI ) ont voulu aider leurs collègues du Burkina, en mettant aussi à contribution les jeunes retraités des organisations agricoles françaises.
Une rélation de paysans à paysans .
Avec les groupements Naam des alentours de Ouhigouya, a été ainsi appuyée, vers 1985, la constuction d'un petit barrage qui permet d'irriguer en saison sèche une vingtaine d'hectaires exploités en maraichage par 200 familles ...On y cultive des tomates, des oignons, des choux, des pommes de terre, des haricots verts . J'en oublie sans doute beaucoup . Comme il ne s'agissait pas des cultures connues , des maraichers de l'Ouest sont venus les expliquer . Le message est vite passé . La production est bonne et permet de varier l'alimentation. Par contre commercialiser ce qui dépasse les bésoins familiaux est très difficile dans un pays enclavé comme le Burkina Faso , sans industrie , avec 80 % d'agriculteurs dans sa population . Trouver des pistes pour la vente, donc des ressources monétaires pour les familles permettant la scolarisation des jeunes et l'amélioration des conditions de vie, c'est justement le but des échanges auxquels je participais en 2001.
Nous avons buté sur des impossibilités . J'ai pensé alors et je pense encore que seul un démarrage industriel apportera un début de solution .
Pour autant , ces échanges sont très utiles et pas seulement pour les burkinabés. J'ai eu l'occasion de rencontrer une population qui s'entend bien malgré une diversité d'ethnies, de langue, de mode de vie professionnelle : par exemple les éleveurs de bovins sont itinérants et les agriculteurs sédentaires . Comme les échanges se font dans les deux sens, ceux et celles qui viennent du Burkina passer quelques semaines dans les exploitations agricoles des Pays de la Loire y suscitent des réflexions . En particulier , ils ne comprennent pas que les jeunes envoient leurs vieux parents en maisons de retraite. Chez eux, la solidarité familiale joue en plein et les vieux sont dans les familles et les villages des personnes très écoutées et respectées .