L’actualité très récente vient apporter de nouvelles illustrations de la difficile application du principe de précaution. L’une s’appelle Amflora, l’autre Xynthia.
La Commission européenne décide d’autoriser la culture de la pomme de terre Amflora et c’est un tollé général chez tous les anti-OGM. Qu’importe que les agences de la sécurité alimentaire française et européenne aient donné des avis favorables à sa culture depuis des années et que rien ne soit venu apporter la preuve que cette semence constitue un risque pour l’environnement ou pour la santé, c’est non ! Dans cette vision monoculaire, unilatérale, ce sont les risques, mêmes imaginaires, qui doivent avoir le dernier mot. Le « précautionniste » s’alimente avec des convictions simples. Ici, le principe de précaution peut être rebaptisé principe de suspicion.
Il existe une autre variété, plus ancienne, naturelle, du principe de précaution. C’est le principe du laisser-faire tel que nous avons pu en voir les effets dramatiques avec la tempête Xynthia et ses ravages à La Faute-sur-Mer et à l’Aiguillon-sur-Mer. Le principe du laisser-faire n’est pas une absence de principe de précaution. C’est un principe de précaution qui vaut pour soi exclusivement. Lorsqu’on est promoteur immobilier, par exemple. Pas pour les autres. Ces « précautionnistes » là, d’une espèce très ancienne et non modifiée génétiquement, eux aussi dotés d’une vision monoculaire, privilégient toujours leurs intérêts sur ceux de la collectivité.
Une application utile du principe de précaution supposerait que l’on examine, de manière raisonnable et dépassionnée, la « balance risques/avantages » sur les sujets sensibles pour la collectivité. Mais voilà le « précautionniste », tel le Cyclope d’Homère même affublé d’une paire de lunettes, reste enfermé dans sa vision monoculaire.