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Affaire Freddy Liot : Les experts à la barre

Publié le 11 mars 2010 par Bigounours

Mardi 02 mars 2010-03-02

Le procès du meurtrier présumé de Freddy Liot, Kamel Benderrajdi s’est poursuivi aujourd’hui devant les assises de Haute Savoie.

Ce maçon de 30 ans est poursuivi pour meurtre et atteinte à l’intégrité d’un cadavre. Il encourt une peine de 30 ans de réclusion criminelle.

Cette sordide affaire s’était déroulée un beau dimanche de septembre 2007 en Haute Savoie, à Annemasse. Un jeune carreleur de 25 ans, Freddy Liot, originaire de la Manche et installé depuis peu en Haute Savoie, effectuait des missions d’intérim en Suisse. Son corps avait été retrouvé mort à Gaillard, en Haute Savoie, dans des circonstances tragiques. Le corps a été dépecé puis disséminé dans l’Arve, une rivière haute savoyarde. Le meurtrier présumé avait appelé la famille d’une cabine téléphonique afin de demander une rançon de 75 000 euros. La sœur de la victime confirmera aujourd’hui même ces menaces dans l’enceinte de la cour d’assises d’Annecy. « Comment je sais si mon frère est vivant ? » questionne-t-elle au ravisseur. « Tu veux que je t’envoie un doigt ou une oreille ! » lui répond il. D’emblée, il y avait un problème puisque un ravisseur ne tue jamais sa « monnaie d’échange » avant d’avoir touché le butin de la rançon.

Le mobile de cette affaire semble être l’argent. En effet, la victime, Freddy Liot, aurait volé la somme de 400 euros à Kamel Benderradji, un jeune collègue de travail de la victime, originaire de la région lyonnaise, venu s’installer dans la région afin, diront ses proches, « d’oublie son ancienne vie ». Freddy Liot n’avait aucun souci pécuniaire. Alors, pourquoi aurait-il dérobé cette modique somme d’argent ce fameux dimanche de septembre 2007 où il serait venu à l’origine chez son collègue de travail pour une coupe de cheveux. Ce différend entre les deux hommes aurait tourné au massacre. A la suite d’une bagarre dans la chambre de l’accusé qui aurait dégénéré, le maçon aurait saisi un marteau et aurait frappé le « voleur potentiel » à la tête causant selon ses dires un « énorme trou ». « Il y avait beaucoup de sang » dira le mis en cause.

Kamel Benderradji a avoué lors de son interpellation avant de se rétracter lors de la reconstitution des faits mettant en cause deux inconnus qui auraient fait irruption chez lui afin de régler des problèmes de drogue. L’enquête n’a pas permis d’établir l’identité de ces deux mystérieux hommes, tout simplement peut être car il n’existe pas. Il s’agit d’un procédé assez fréquent chez les criminels qui consiste à imputer sa responsabilité à des hommes imaginaires afin de créer le doute car tout accusé sait que le doute lui profite.(renvoi aux articles sur l’affaire Flactif).

Ce matin a eu lieu l’évocation des faits.
Le dépeceur d’être humain a consenti à expliquer aux jurés et au président, François Bessy, (il avait jugé en juin 2006 l’affaire Flactif) la manière dont il avait procédé avec son opinel pour découper le corps du jeune adulte. Il insista sur l’abondance du sang qui se dispersait dans la chambre. Il s’est beaucoup excusé auprès des familles des victimes.

Dans l’après midi, les experts sont venus à la barre apporter leur concours à la justice. Ils n’ont détecté chez la victime aucune trace de substance médicamenteuse ou stupéfiante. En revanche, ils ont relevé dans l’estomac des quantités comprises entre 0,72 g/L et 0,74 g/L d’alcool. Les médecins légistes ont préconisé de prendre ces informations avec beaucoup de prudence étant donné que le cadavre était en état de décomposition, voire de putréfaction (Le tronc humain de Freddy Liot a été découvert au bout de 10 jours d’investigation et a séjourné dans l’eau, ce qui rend les analyses plus complexes).

La question la plus sensible et qui a d’ailleurs fait énormément souffrir la partie civile lorsque Maitre Gilbert Collard, défenseur des parties civiles, l’a posé à l’expert est celle de savoir si, avant le dépeçage de la victime, cette dernière était vivante ou décédée ? L’accusé explique qu’il a posé sa main sur le cœur de Freddy Liot et que son cœur ne battait plus. Les experts n’étant pas présent le soir du meurtre, ils n’ont pu se prononcer mais il apparaît évident que le jeune carreleur était décédé.

La sœur et le frère de Kamel Benderradji sont ensuite venus expliquer à titre de simples renseignements à la cour d’assises que leur frère est un « bosseur », qui est non violent. « Ce qui s’est passé est un cauchemar, on ne comprend pas, ce n’est pas Kamel…. ».Ils ont expliqué que leurs parents ont inculqué des valeurs de respect d’autrui à la famille et que « la punition pour Kamel est psychologique car il doit vivre avec l’idée qu’il a tué et dépecé un corps » selon son frère ainé.

Dans la famille de l’accusé, c’est l’incompréhension. Selon sa sœur, lui-même ne sait pas comment il en est arrivé là. Elle parle beaucoup avec lui lors de ses visites à la maison d’arrêt et correspond beaucoup par courrier.

La famille de l’accusé minimise la responsabilité de Kamel Benderradji. Pour son frère ainé, « c’est une bagarre qui a mal tourné et le dépeçage, est une fuite en avant ». Une petite altercation avec Maitre Gilbert Collard aura lieu à ce sujet car le frère de l’accusé soutient que ce qui est arrivé à son frère peut arriver à tout le monde.

La sœur du défunt a laissé exprimer sa colère ; « je suis désolé, je suis désolé, tes excuses ! on s’en fout » lance-t-elle à Kamel Benderradji, regard baissé (il le conservera toute l’audience). Elle vantera les qualités du défunt : « il ne demandait qu’à vivre ».

Demain, le procès de ce criminel ordinaire et sans antécédent judiciaire s’achèvera avec les plaidoiries des avocats de la partie civile, dont celle attendue de Maitre Gilbert Collard, puis le réquisitoire de l’avocat général, et, enfin, les plaidoiries de la défense, notamment celles de Maitre Rimondi, avocat au barreau de Thonon les Bains (il avait défendu Stéphane Haremza lors du procès Flactif, le complice de David Hotyat dans la tuerie du Grand Bornand), et Maitre Julien (il avait défendu Isabelle Haremza lors du procès Flactif).

L’accusé aura la parole en dernier comme le veut la loi. Des excuses et des regrets de sa part sont à prévoir (il a déjà pleuré au procès et demander pardon à la famille des victimes dans des lettres) mais des réactions plutôt houleuses des parties civiles risquent de s’ensuivre.

En effet, comment une mère dont la déposition à la barre était à peine audible cet après midi tant le chagrin et le désespoir l’ont envahi (elle n’a cessé de répéter : « ma vie est un cauchemar ! ») pourra-t-elle pardonner à cet homme qui a découpé son fils comme de la viande et jeter dans une rivière ?


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