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Chapelier fou, personnage du conte d’Alice aux Pays des Merveilles, fabriquant de chapeau mélomane condamné à mort par la Reine de Cœur car, chantant pour elle, il a été jugé comme tuant le temps, puis, pense que le temps a été tué car il n’est pas mort et l’horloge s’est arrêté sur le sixième degré du cadran de l’horloge. Six, c’est précisément le nombre de titre sur ce premier EP de Chapelier Fou. Cet album fonctionne un peu à la manière d’une histoire que l’on voudrait raconter aux enfants, sauf qu’il n’y a pas de texte et que le grand papa est remplacé par un musicien. Mais il est pénétré d’images évocatrices d’un monde fantastique dans lequel les héros seraient des aventuriers solitaires et les méchants de vilaines bêtes multicolores. Cet album est un mélange du premier album de CocoRosie, de Bach (pour le côté fugué) et de la musique électronique relativement déconstruite, d’inspiration Hudson Mohawke. L’instrumentalisation, composée sous forme de samples répétés, varie en effet entre des claviers analogiques, des instruments traditionnels acoustiques, de ceux qu’on utilise dans la musique folklorique ou dans ce qu’on appelle la « world music » ou musique ethnique si l’on veut paraître bien pensant, et des sons électroniques. Il ne faudrait toutefois ne pas comparer Chapelier Fou à Caravane Palace, le premier réussi ce mariage avec beaucoup plus de sensibilité et d’intelligence. On pourrait également apparenter la musique de Chapelier Fou à une bande originale de jeux vidéo par son appartenance à un monde imaginaire et fabuleux. Sur la piste 6, "GmbH", des sons de jeux vidéo symbolisant le saut ou le passage à trépas d’un ennemi sont d’ailleurs utilisés. La piste 3, "Horses", nous donne l’impression de chevaucher un digne étalon, tenant l’épée d’une main et la lance de l’autre, partant en croisade, sous l’œil complice de Dieu, contre les Sarrasins.