A la question de savoir pourquoi M. Boutih, annoncé comme pressenti, ne correspondait pas, à ses yeux, au poste, l’ancien ministre et conseiller officieux de Nicolas Sarkozy a répondu: “Parce qu’il vaut mieux que ce soit le corps français traditionnel qui se sente responsable de l’accueil de tous nos compatriotes. Si vous voulez, les vieux Bretons et les vieux Lorrains - qui sont d’ailleurs en général Italiens ou Marocains - doivent faire l’effort sur eux-mêmes de s’ouvrir à l’extérieur“.
Gérard Longuet pensait, de toute évidence à tort, avoir déminé le terrain en déclarant que M. Boutih est “un homme de grande qualité mais ce n’est pas le bon personnage” pour présider la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité.
Le débat public fonctionne encore avec quelques réflexes pavloviens sur certains sujets. Parler d’intégration et de discrimination demeure très acrobatique si on n’hurle pas avec les loups. L’instauration d’une chape de plomb ne peut être que contre-productive. La réussite de l’intégration des citoyens de toutes origines nécessite détermination, pragmatisme et exemplarité.
A cet égard la gauche vertueuse, toujours prompte à donner des leçons, en a reçu quelques unes, quel paradoxe, par un Nicolas Sarkozy qui a multiplié les nominations de personnalités issues, à défaut d’être représentatives, de la diversité.
A force de crier au feu, les zorros de l’antiracisme contribuent à l’émergence d’un mælstrom de la bien pensance dans lequel les phrases maladroites sont placées au même rang que de sévères coups de boutoirs aux fondations de la république telle que dernièrement, l‘obligation de faire la preuve de sa francité lors du renouvellement de papiers d’identités pour les français nés ou dont les parents sont nés à l’étranger.
Ce n’est pas d’une indignation facile dont notre socle de valeurs issues des Lumières a besoin mais, d’une pédagogie patiente et sévèrement étayée. Le risque bien évidemment est un lent pourrissement “à l’italienne” où, dans un pays membre de l’UE, la chasse et l’affrontement physiques de l’étranger ne suscitent aucun sursaut.
Dès mercredi après-midi, Gérard Longuet dans un communiqué puis au micro d’Europe 1, sans retirer ses propos s’est déclaré désolé d’avoir choqué son compatriote Harlem Désir, tout comme il est désolé d’avoir sans doute choqué Malek Boutih dont il a reconnu une nouvelle fois les qualités personnelles. “J’ai simplement exprimé le désir que l’ouverture d’esprit soit portée par une personnalité moins politique et parfaitement sereine en qui puissent et doivent se reconnaître tous nos compatriotes dans leur diversité et dans leur unité”. “Etre militant socialiste n’est certes pas un obstacle, mais ce n’est pas non plus un droit pour exercer une mission nationale à la Halde ou ailleurs“.
Dont acte. Restons en là et passons au fond du dossier. L’épisode par ses réactions épidermiques souligne qu’il serait judicieux que le choix du successeur de Louis Schweitzer résulte d’un consensus dans la détermination des critères à remplir pour ce poste . C’est là une condition essentielle dans la crédibilité et l’efficaité de la Halde. Le choix du visage viendra après, sans être guidé par le seul sentiment de faire un coup politique par la sortie du chapeau d’une personnalité “d’ouverture”.
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“Mon expression est peut-être maladroite”
envoyé par Europe1fr.