A la lecture de deux informations, nos fidèles, présumant que la CCIP est à la pointe des technologies et de l’intelligence artificielle, doivent se demander si ce Blog n’est pas un simple robot informatique sans chair ni sang.
La première nouvelle, de source IBM, n’est pas vraiment une une surprise mais confirme les souffrances du Blogueur d’entreprise qui épuise après quatre ou cinq billets sa verve et sa spontanéité et cumule difficilement ses fonctions opérationnelles diverses avec le délicat mixt de personnel, créatif et professionnel exigé par un blog stipendié.
La seconde est la terrifiante page du journal Le monde qui nous annonce un monde de journaux automatisés, l’intelligence artificielle transformant les données brutes en articles plus ou moins imagés, plus ou moins de parti-pris, en des styles adaptables à différent publics et s’inspirant des talents, tournures et poncifs préférés de telle ou telle plume célèbre. Focalisé pour l’instant sur le commentaire sportif, Infolab, compte se lancer dans le secteur de la finance et de la Bourse « où là aussi les journalistes utilisent massivement un nombre limité d’expression toutes faites »
Comme les journalistes, les Blogueurs d’entreprise ne doivent pas trop savoir si ces nouvelles constituent une merveilleuse libération annoncée de leur calvaire quotidien ou leur arrêt de mort.
Nous ne nous appesantirons pas sur les questions propres à la presse (vers des journaux gratuits, automatisés, au profil d’écriture, voire de contenu programmé pour chaque type de lecteur ?) : la profession concernée va sûrement en débattre d’autant plus furieusement que l’emploi y est rare et les finances difficiles.
Il me semble plus intéressant d’en tirer une première réflexion sur la valeur ajoutée réelle du travail intellectuel, dans quel mesure le « col blanc » est il robotisable, voire déjà un robot…
La hiérarchie entre les tâches dites manuelles et les tâches dites intellectuelles ne risque t’elle pas d’être bouleversée par l’intelligence artificielle ?
Tout d’abord un constat d’évidence, il sera sûrement beaucoup plus difficile et coûteux de concevoir et construire un robot-garcon de café, capable de voltiger entre des tables bondées, de reconnaitre un client d’une cliente, et de rendre la monnaie d’une main en servant une bière de l’autre, sans déborder, que d’élaborer un logiciel commentant automatiquement les résultats annoncés d’une entreprise du CAC et les comparant, avec des expressions convenues, à ceux du secteur ou des années précédentes.
Cela fait prendre conscience de la quantité de routines, de réflexes, d’automatismes professionnels et sociétaux dans le quotidien des « intellectuels ». Et qui dit prévisible, routinier, dit programmable. L’information est la base de tout mais lui donner un valeur ajoutée c’est la commenter vraiment, l’adresser à la personne idoine, voire tenter de l’occulter, ou de la déformer, la croiser de manière inattendue ou paradoxale avec d’autres, y introduire son point de vue, sa stratégie personnelle, ses affects, bref sa subjectivité et sa culture. Et aussi, tout simplement, prendre une décision au vu des ces informations.
Des activités, voire des métiers vont sans doute disparaitre dans le secteur des professions censées travailler plus avec leur tête qu’avec leur mains. Tout comme beaucoup ont disparues dans le secteur dit manuel ou justement les survivantes sont celles qui font appel aux qualités proprement humaines : créativité, sens des responsabilités, initiative devant l’imprévu, sens artistique, courage physique et moral etc..
L’ouvrier moderne laisse sa machine numérique fabriquer, mais surveille les dysfonctionnements, repère des problèmes de qualité et d’interfaces avec le reste du processus. Le cadre supérieur futur verra sans doute un beau premier jet de son rapport d’activité au conseil d’administration sortir sans effort de sa part de l’imprimante, mais il lui faudra tout son sens critique et toute sa personnalité pour lui insuffler un sens, et de vraies propositions de prise de risques et de stratégie.
Cela a ses conséquences évidentes dans la formation première comme supérieure. Plus que jamais les paresseux compilateurs , les plagiaires mous, les adeptes du copier-coller devront recevoir des zéros pointés. Non seulement d’un point de vue moral, mais pour leur éviter le chômage futur.
Mais rassurons nous, un logiciel capable de gérer les réactions inattendues passionnelles ou franchement aberrantes des internautes sur un Blog d’entreprise (ou autres) restera longtemps hors de prix.