C’est donc tout naturellement que le dernier album de Villeneuve d’une exceptionnelle poésie raisonne encore dans ma tête, mais ici, il n’est pas question de prendre de l’aspirine. Ce n’est pas une gueule de bois c’est le souvenir d’une nuit insolite.
Villeneuve le chanteur pas le sportif de F1 !
Toutefois, le parallèle avec la F1 n’est pas totalement à exclure tant la musique féline ne stagne pas dans les starting-blocks dans l’attente que les feux s’éteignent pour un départ imminent. En effet, Dry Marks Of Memory fait tomber les chronos de la performance dans sa durée et dans son intensité. Un drapeau à damier qu’il franchit pour disparaître devenant un fantôme laissant une trace indélébile d’émotions fortes jusqu’à la prochaine écoute de l’album. Villeneuve troque son engin au bec d’une grande finesse en un petit nuage dans lequel nous parcourions le monde. Tantôt pris dans le ciel bleu enveloppé du soleil, parfois, sur un nuage qui pleure, aux éclairs de colère.
« Dieu que c’est beau » en référence à un accouchement
Dry Marks Of Memory c’est la plume qui caresse la peau sous un platane en haut d’une colline de coquelicots au printemps naissant sous la parade des oiseaux comme le prouve le titre éponyme de l’album. L’ensemble est d’une légèreté telle que de la mousse en bouche, s’engouffrant dans un monde à la filiation de Archive. Benoît Villeneuve homme raffiné, délicat, classieux et chef d’orchestre des images accouche d’une larme de soleil musicale. Producteur, il passe de l’autre coté des platines pour composer et chanter. Il a travaillé avec Stephan Eicher et a participé à la bande-son de Mesrine. Compteur d’histoires douces comme les cracheurs de feu en pleine nuit à la maîtrise parfaite, c’est un scintillement d’émotions vierges.
Dry Marks Of Memory c’est aussi le prolongement de notre imaginaire. Nous fermons les yeux et nous partons à la conquête des images belles ou moins belles qui font échos dans notre cœur, dans notre esprit, dans notre corps. Un film en 3D tant l’émoi est palpable à la respiration qui s’accélère, au rythme cardiaque qui devient plus lent par moment à l’allure jazzy de « Death Race » qui clôt l’album.
Voluptueux, vaporeux et un point c’est tout
Les différents titres sont tout simplement sensuels et voluptueux. Un album donc charismatique, éthéré, frêle et rayonnant dont « The Sun » n’est pas sans rappeler l’ambiance des XX. « Second Star » à la filiation d’un conte irlandais au cœur des forêts chatouillantes. Très bien accompagné avec Liz Green à deux reprises, Nili et Ozark Henry, l’album est aérien, surnaturel et flamboyant ! Un album comme une promesse infinie vers le monde des fées, des magiciens où notre esprit suite de fantasmes soyeux.