Qu'il doit se mordre les doigts, rager dans son bureau de l'Elysée, s'énerver en silence ! Que peut penser Nicolas Sarkozy de la débandade actuelle de l'UMP ? Gaffe de Xavier Bertrand, bavure de Gérard Longuet, révélations dans l'affaire Soumaré... les couacs se multiplient. Heureusement, le Figaro est là, et joue à plein, et en vain, la défense de son Monarque. Le journal de Sarkofrance a ainsi publié un article sur l'exaspération de la police contre ... Michèle Alliot-Marie. Le jour même de la grève du corps judiciaire contre la politique sarkozyenne, on appelle cela un contre-feu.
Xavier Bertrand, et son chauffard de l'Intérieur
Xavier Bertrand, le secrétaire général de l’UMP, se fait il conduire par un fonctionnaire de police ? Il dément. Sa voiture a été flashée à 144 km par heure à la sortie de Pornic après un meeting des régionales. Un gendarme a pourtant confirmé ses dires : «Le conducteur était bien un policier. On ne peut se prévaloir de cette qualité sans présenter une carte professionnelle». Pire, le chauffard de Xavier Bertrand n'aurait finalement pas été verbalisé. Tout est bien qui finit bien en Sarkofrance... « Si vraiment on a été contrôlé, on aurait dû être sanctionné » a ajouté, sans rire, Xavier Bertrand.
Ali Soumaré diffamé, c'est confirmé
Le Canard Enchaîné a publié le casier judiciaire d’Ali Soumaré, la tête de liste socialiste du Val d’Oise. Il est vierge. C’est un résultat facheux pour l’UMP en Ile-de-France. Axel Poniatowski l’avait traité de « repris de justice ». François Delattre, maire UMP de Franconville, avait préféré le qualificatif de «multi-récidiviste chevronné». Quelques jours plus tard, Xavier Bertrand avait expliqué sur CANAL+ que certaines victimes d'Ali Soumaré avaient pu se plaindre... Les dirigeants de l’UMP ont gravement diffamé Ali Soumaré. Qui les a mal renseigné à ce point ? La piste du STIC (Système de traitement des infractions constatées) refait surface. Un fichier de police mal purgé, qui recense auteurs, victimes, suspects d'infractions, accessibles par des personnels habilités du ministère de l'Intérieur. Cela tombe bien, un policier est tête de liste de l'UMP dans les parages... Mercredi encore, les avocats du maire de Franconville ont expliqué que ce casier vierge "ne signifie en rien, ni l’inexistence des faits publiés, ni l’absence des décisions de justice intervenues". Tant qu'à couler...
Gérard Longuet et les "bons Français"
Gérard Longuet, autre figure de l’UMP, a fâché tout le monde. A propos de la possible candidature de Mlek Boutih à la présidence de la HALDE, le sénateur UMP de Moselle a déclaré mercredi: « ce n'est pas le bon personnage. Parce qu'il vaut mieux que ce soit le corps français traditionnel qui se sente responsable de l'accueil de tous nos compatriotes » (…) « La Halde, cela veut dire que c'est la France qui s'ouvre aux populations nouvelles. Schweitzer, c'est parfait. Un vieux protestant, parfait ! Si vous mettez quelqu'un de symbolique, extérieur, vous risquez de rater l'opération ». Pour Gérard Longuet, Malek Boutih n’est donc pas suffisamment français pour présider la Halde.
Pour le Figaro, les flics se rebellent
Le Figaro joue à plein son rôle de Pravda sarkozyenne. On croirait certains articles concoctés par l'Elysée, certains sujets suggérés par Franck Louvrier, le conseiller en "com'" de Nicolas Sarkozy. Mardi dernier, vingt organisations représentatives de toutes les professions de la justice s'étaient ralliées derrière un même mot d'ordre : "sauver la justice". Et qu'en pense le Figaro ? Le voici qu'il publie un article sur ces "commissaires de police" qui refusent la réforme proposée par Michèle Alliot-Marie... de la procédure pénale. Le programme est annoncé dès le premier paragraphe:
"Les chefs de police voient rouge avec la réforme de la procédure pénale. Alors que la garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie, doit recevoir, ce mardi matin, les syndicats de policiers pour une «concertation», Sylvie Feucher, la secrétaire générale du Syndicat des commissaires de la police nationale, pousse ce cri d'alarme : «La Chancellerie est en train de construire, avec son texte, un cheval de Troie qui va livrer la police judiciaire aux mains du ministre de la Justice.»"Fichtre ! Que se passe-t-il ? Il faut entendre les oppositions de toutes natures à la réforme de la procédure pénale de Michèle Alliot-Marie. Cette dernière envisageait, notamment, de corriger certains défauts liberticides des procédures de garde à vue. La situation est cocasse. Les magistrats s'inquiètent de la suppression du juge d'instruction et de la perte d'indépendance dans la conduite des affaires, et les commissaires de police dénoncent au contraire une «l'OPA des juges». A en croire le Figaro, voici ce que ces derniers dénoncent : toute création ou suppression d'un service de Police Judiciaire devra se faire après «avis du ministre de la Justice». L'avis sera-t-il contraignant ? Non. Seconde inquiétude, les procureurs seront «associés annuellement à la définition de l'ordre des priorités concernant l'exercice des missions de police judiciaire des services». Fichtre ! Les commissaires préfèrent dépendre de leur ministre, qui dépend du Président de la République., que du Garde des Sceaux, qui dépend du Président de la République. Troisième querelle de chapelle, les commissaires s'inquiéteraient de voir les procureurs décider également des moyens à chaque enquête. Ils pourront «lorsque les nécessités de l'enquête l'exigent, désigner les officiers de police judiciaire qui seront chargés de l'exécution de ses instructions».
Il y a un mois déjà, la même Sylvie Feucher, secrétaire générale du syndicat des commissaires, demandait à Brice Hortefeux de monter au créneau pour défendre policiers et gendarmes accusés d'abus de gardes à vue, après le cas de cette collégienne arrêtée un matin chez elle: « en ce qui concerne la garde à vue de la collégienne, quel message adresse-t-on aux jeunes ? Vous pouvez faire ce que vous voulez, de toute façon, vous pouvez contester la police. On en a ras-le-bol et on va finir par baisser les bras. »