Rendez-moi ma télé…Episode 13

Publié le 11 mars 2010 par Notil

La suite avec un tantinet de retard mais après tout « Tout vient à point à qui sait attendre ». Voilà, voilà, voilà.

J’ai le souvenir d’une émission que j’adorais et ne ratais sous aucun prétexte. Pour deux raisons: La première , elle était présentée par un animateur qui n’en était pas un; Eddy Mitchell. Tu sais le chanteur, celui-là même qui interprète « la dernière séance ». Et c’est sans doute le hasard si l’émission s’appelait « la dernière séance ». Non, it’s a joke. Vois comme je maîtrise la langue de Shakespeare.

La dernière séance me faisait rêver. Je parle cinéma là. Une présentation dans une salle comme il n’en existe plus pour simple décor. Avec tout le petit monde du cinéma d’autrefois. La vendeuse de « bonbons, caramels, chocolats », le couple d’amoureux enlacés qui se font de petits bisous en attendant le film et d’autres encore. Eddy, lui, explique. Il explique ce que tu vas voir. Simplement, avec des mots juste et sa voix si particulière. Il te prend d’entrée par la main pour te conduire là où il veut. Il te met dans l’ambiance et te souhaite bonne route pour une heure et demi. Avec simplicité: Merci Richard Cocciante, merci Serge Lama -encore?-. Ces remerciements , pour les amateurs de variétés et juste pour rendre à César ce qui lui appartient.

On ne se refait pas, que veux-tu!   J’ai passé des samedis matins entiers à rendre à César ce qui lui appartenait. J’ai passé des soirées complètes à préparer des émissions qui m’ont permis de découvrir et faire découvrir des artistes de la chanson. Cà s’appelait « le meilleur des meilleurs ». Comme titre, j’aurais choisi autre chose, il y a sans doute mieux mais c’est comme çà. Il faudra voir avec ma direction d’antenne.

Pour revenir à l’émission d’Eddy, c’était du cinéma. De l’évasion avec des films choisis, des films qui te transportaient vers d’autres horizons, d’autres contrées verdoyantes ou désertiques, des contrées sauvages. A la fin de la séance, tu allais te coucher le sourire aux lèvres. La télé avait fait son devoir. Elle t’avait diverti, t’avait sorti de ton quotidien le temps d’une séance, la dernière. Voilà la deuxième raison.

Un soir le rideau est tombé. Fin du film.

Coup de fatigue…

Et là, tiens, je vais regarder la télé, parce que j’ai envie de décompresser. Celui qui a inventé la télécommande est mon ami. Ou du moins, il l’aurait été si je l’avais connu. Grâce à lui, je peux désormais intervenir dans toutes les discussions de bureau:

   – Tu as vur le film hier soir sur TF1? Je n’ai pas compris la fin- Et là, je peux t’expliquer parce que c’est justement la fin que j’ai regardée. Ben oui, avant je regardais Drucker sur la 2…

   « Comment! Tu n’as pas regardé Drucker? Tu as raté quelque chose! Il a été particulièrement odieux avec son invitée. Il lui a dit textuellement et je te le répète: -Dans ce nouvel album, vous critiquez les gens de la haute société et ce n’est pas bien, ne trouvez-vous pas?

Ce à quoi l’invitée a répondu que la Haute n’achetait pas ses disques de toute façon.

Tiens, prends çà, Michel. Je plaisante. Bon, sérieusement, je vais regarder la télé et je reviens plus tard. Je te parle de Michel Drucker et de la télé. J’aurais tant voulu te parler de Michel et du deux roues mais pour le vélo je n’y entends rien.

Cà y est c’est déjà plus tard… Ah! la magie de l’écriture pour moi et de la lecture pour toi. Le temps n’existe pas vraiment.

Tant que j’y suis…

Michel Drucker c’est le gendre idéal, enfin c’était jusqu’à l’arrivée de l’autre là, comment s’appelle-t-il déjà? Mais si tu vois de qui je veux parler. Celui qui pète les plombs dès qu’il est en avion? Ah, zut!… J’y suis, Delarue, Jean-Luc Delarue. Donc, Michel, c’est le gentil par excellence. Jamais un mot plus haut que l’autre. Parfois un sourcil froncé, peut-être mais çà en reste là. Il pose les questions qui ne fâcheront pas. Pour ces questions là, il a trouvé le filon. Il a quelqu’un qui s’en occupe. Il a su s’entourer de chroniqueurs et euses qui font le vilain travail. Et ils ont la côte. le français a toujours aimé les trublions: Coluche, Le Luron et aujourd’hui, Canteloup,  Roumanoff la dame en rouge. Ou Jean-Pierre Coffe. Lui, il a su saisir le moment et… la Bouffe. Bien vu, le créneau était libre.

Pour assurer qu’il reste le gentil, Michel, il lui arrive parfois de mentionner que tel ou tel chroniqueur est un peu dur avec l’invité fil rouge mais que c’est de l’humour. L’Humour, ah! le mot est lâché. Humour, que ne dit-on pas en ton nom! Et sit u n’existais pas, il faudrait t’inventer.

Entre vous et moi, Michel, je présume que vous n’avez jamais su que j’avais déposé un projet d’émission dans vos bureaux des Champs-Elysées. Là, je suis tombé sur une charmante hôtesse d’accueil qui m’a dit de le déposer dans sa corbeille ou sa banette pour être exact. Ce que j’ai fait. Je suis incapable de vous dire la couleur de ses yeux, elle n’a pas même levé la tête. Remarquez, elle m’a quand même dit « bonjour » et « au revoir ». A l’époque je travaillais à côté, enfin pas loin, au Drugstore Matignon, celui que l’on appelle maintenant le Drugstorien. L’un des drugstore de Monsieur Beustein Blanchet, comme l’autre où il avait ses bureaux en haut des Champs et d’autres encore. Beustein-Blanchet, le big boss de la publicité, l’agence de pub avec le petit soleil en bas de l’écran.

Pour revenir à mon projet, il a dû fortement impressionner celui qui a été chargé de le lire parce que je n’en ai jamais eu aucune nouvelle. Si seulement il a été lu.

Se cultiver? A quelle heure?

Les émissions intéressantes existent, il ne faut pas mentir. Je disais plus haut qu’il fallait les regarder sur des chaînes quasi-confidentielles ou se coucher tard, très tard. Je devrais plutôt dire se coucher tôt puisque diffusées généralement après minuit et minuit, si tu me suis c’est déjà demain.

En troisième partie de soirée. J’ai connu une époque pas si lointaine où l’on te parlait de deuxième partie de soirée. Désormais tu as droit à ta troisième partie. Les programmes ne commencent aujourd’hui qu’à vingt heures trente quand il n’y a pas de pub. Parce que sinon, c’est plus tard quand on s’est payé la tonne de pub dont nous avons l’habitude après les journaux d’information présentés par de symphatiques journalistes qui seront sans doute remplacés un jour par des robots. Si! si! Les américains sont déjà dessus. pas encore pour la télé mais çà va venir, n’en doutes pas!

La culture des chaînes -que tu as reconnues sans que j’ai à les nommer-, tu sais celles que tout le monde regarde, celles qui font la fierté de médiamétrie- va se cacher à l’heure où les gens « normaux » vont se coucher. Lorsque je parle de gens normaux, je cite les travailleurs, ceux qui se lèvent aux aurores pour attraper leur train, leur métro où s’enfoncer dans l’embouteillage qui les consuira comme chaque matin à la recherche d’une place de parking allègrement surtaxée. Là, où ils déposeront leur voiture payée par échéance au cinq de chaque mois.

Lorsque je parle de gens normaux, je cite ceux qui ne font rien, parce qu’à la retraite. Je ne connais pas beaucoup de retraités qui se couchent à une voire deux heures du matin, juste pour écouter un écrivain qui dénonce ou une musicienne de 12 ans qui joue magistralement du Rostropovich à la Salle Pleyel.

Je cite également les étudiants, ceux qui bossent en pkus de leurs heures d’étude pour se les payer, justemetn, leurs études.

En ne citant que ceux-là, je trouve que çà ait beaucoup de monde, ne trouves-tu pas? -Elle n’est pas bien écrite ma question!

J’ai un avis à ce propos. Posons le problème. Mêm si en Maths, j’étais plus près des cancres. je n’ai jamais réussi à avoir la moyenne. Si! une fois mais j’avais triché. J’ai fait du charme à la prof et gentiment, elle m’a dit de réviser ce que nous avions vu la semaine précédente. Et j’ai eu douze. Je lui en ai voulu, plus tard, parce que j’ai appris quer mon charme n’avait pas spécialement opéré puisqu’elle l’avait dit à tout le monde. mais j’étais un peu amoureux de ma prof. Si elle s’en souvient aujourd’hui, ce dont je doute, qu’elle ne cherche pas à prendre contact avec moi parce qeu si j’ai vieilli, forcément, elle aussi.

Posons donc le problème: Admettons qu’une émission dure une heure à une heure et demi. Considérons que ladite émission est diffusée à vingt et une heures. Sachant qu’elle parle de littérature et sachant que Guillaume Durand ou PPDA reçoit cinq à six personnalités de la plume et qu’il cite alors huit fois le titre du livre de chacun de ses invités, voilà la question:

Combien de temps faudra-t-il pour que le telespectateur lambda, parmi ceux que j’ai cités plus haut, aille se coucher?

Question subsidiaire:

Si le telespectateur ne va pas se coucher, et qu’interessé par l’émission, il décide d’acheter les livres présentés, combien de temps laissera-t-il son petit écran éteint le soir pendant qu’il sera plongé dans la lecture des ouvrages ci-dessus mentionnés?

La question subsidiaire te rapporte deux fois plus de points que la première question parce que c’est à mon avis là que réside le vrai problème.

La suite plus tard parce qu’il faut aller travailler. J’éteins le gaz, et j’y vais. Biz.