Le prix Nobel de la Paix Barack Obama poursuit des combats qui sont au-dessus des moyens de son pays, et il est de plus en plus évident qu’il est le jouet du complexe militaro-industriel, écrit Eric Margolis. Les invasions américaines en Irak et en Afghanistan n’auraient pas été possibles sans crédits massifs venus de Chine, d’Union Européenne, des pays producteurs de pétrole du Moyen-Orient ... - Photo : Al Jazeera
Le Président Barack Obama a qualifié le budget de 3,8 trillions de dollars [un trillion équivaut à 1000 milliards de dollars - N.d.T], envoyé récemment au Congrès, d’étape importante pour restaurer la santé économique de l’Amérique. En fait, c’est une nouvelle dose fournie à un malade gravement dépendant d’une drogue dangereuse : la dette.
Plus d’empires sont tombés en raison de finances catastrophiques que d’invasions. Le dernier exemple a été l’Union Soviétique qui s’est ruinée en achetant des tanks. Le déficit de Washington [la différence entre les dépenses et les revenus par les impôts] atteindra cette année la somme vertigineuse de 1,6 trillion de dollars. Cette somme énorme sera empruntée principalement à la Chine et au Japon auxquels les États-Unis doivent déjà 1.5 trillion de dollars. Le service de la dette coûtera cette année 250 milliards de dollars.
Pour parvenir à dépenser 1 trillion de dollars US, quelqu’un aurait dû commencer à dépenser 1 million de dollars chaque jour depuis peu de temps après que Rome ait été fondé puis continuer ainsi pendant 2738 années jusqu’à aujourd’hui.
Le budget militaire total [2010] d’Obama est presque de 1 trillion. Cela comprend les 880 milliards de dépense du Pentagone. Ajoutons les sombres programmes secrets (environ 70 milliards), l’aide militaire aux nations étrangères amies comme l’Egypte, Israël et le Pakistan, ainsi que 225000 « contractuels » militaires (mercenaires et employés), et enfin les coûts des vétérans.
Additionnons encore 75 milliards (presque quatre fois le budget total de la défense du Canada) pour 16 agences de renseignements avec 200 000 employés.
Les guerres d’Afghanistan et d’Irak (1 trillion de dollars jusqu’ici), coûteront de 200 à 250 milliards de plus cette année, en incluant des dépenses cachées et indirectes. « L’escalade [surge] » afghane d’Obama avec ses 30000 soldats supplémentaires coûtera encore 33 milliards de dollars - plus que le budget total de la défense de l’Allemagne.
Pas de problème si les stocks de la défense n’ont cessé de gonfler après le budget « d’austérité » d’Obama, prix Nobel de la Paix.
Les dépenses militaires et de renseignement augmentent de façon implacable alors que le chômage atteint les 10% et que l’économie saigne une encre rouge. L’Amérique est devenu l’homme malade de hémisphère occidental, un estropié économique comme l’a été le défunt empire Ottoman. Le Pentagone représente maintenant à lui seul la moitié des dépenses militaires de la planète dans sa totalité. Ajoutez-y les riches alliés de l’OTAN ainsi que le Japon, et les chiffres atteignent 75%. La Chine et la Russie dépensent conjointement à peine un malheureux 10% de ce que les États-Unis dépensent pour la défense.
Il y a 750 bases militaires des États-Unis dans 50 pays et 255 000 militaires ou employés stationnés en permanence à l’étranger dont 116 000 en Europe et presque 100 000 au Japon et en Corée du Sud.
La dépense militaire dévore jusqu’à 19% des dépenses fédérales et au moins 44% des recettes fiscales. Sous l’administration Bush, les guerres d’Irak et d’Afghanistan — financées par l’emprunt — ont coûté à chaque famille américaine plus de 25 000 dollars.
Comme Bush, Obama finance les guerres de l’Amérique par des autorisations supplémentaire de paiement, sur le compte déjà au maximum à découvert de la nation. Les générations futures seront coincées par cette facture. Ce yoyo financier du Président et du Congrès est la pire manifestation de malhonnêteté publique. Les guerres de l’Amérique doivent être payées par les impôts, et non pas par des jeux d’écriture comptable.
Si les contribuables des États-Unis devaient réellement acquitter la facture des guerres d’Afghanistan et d’Irak, ces conflits cesseraient très rapidement. L’Amérique a besoin d’un juste et transparent impôt de guerre. Les États-Unis ont clairement atteint le point de rupture. Les dépenses militaires et le service de la dette cannibalisent l’économie américaine, la vraie base de sa puissance mondiale. Aux côtés de l’ancienne URSS, les États-Unis ressemblent maintenant de plus en plus à l’Empire Britannique disparu en 1945, écrasé par d’immenses dettes contractées pour participer à la deuxième guerre mondiale et incapable de continuer de financer ou défendre son empire, tout en restant malgré tout imprégnée de prétentions impériales.
Il est de plus en plus évident que le Président n’est pas aux volant du camion militaire américain complètement emballé. Il y a soixante ans, le grand Président Dwight Eisenhower, dont le portrait orne mon bureau, avait averti les Américains de prendre garde au complexe militaro-industriel. Six décennies plus tard les partisans de la guerre permanente et de la domination du monde se sont liés avec les bailleurs du fonds de Wall Street pour pousser l’Amérique dans le gouffre.
Un nombre croissant d’Américains sont fort justement scandalisés et effrayés de l’emballement des déficits. La plupart d’entre eux ne comprennent pas que leurs dirigeants politiques mènent leur nation à la ruine dans des guerres étrangères inutiles et dans une vaine tentative de diriger une grande partie du globe — ce que les neocons appellent un « plein spectre de domination [domination dans tous les domaines - N.d.T] ».
Si Obama était vraiment sérieux concernant la rétablissement de la santé économique de l’Amérique, il exigerait que les dépenses militaires soient réduites, mettrait fin rapidement aux guerres d’Irak et d’Afghanistan et briserait l’échine des « Frankenbanks géantes [jeu de mots à partir de ‘Frankenstein’ et ‘banques’ - N.d.T] » de la nation.
5 février 2010 - Toronto Sun - Vous pouvez consulter cet article à :http://www.torontosun.com/comment/c...
Traduction de l’anglais : Al-Mukhtar
10 mars 2010 - Info-palestine