Ton front marmoréen, ta démarche si fière
Et de tes yeux profonds l’insoutenable ardeur
Font plier mon orgueil sous ta calme grandeur
Je te crains et je t’aime ô douce meurtrière
Tes cheveux noirs te font un casque de guerrière
Dont le peigne ne peut retenir la splendeur
Et pour baiser du sein la superbe rondeur
Roule amoureusement l’ondoyante crinière
Et je croirais parfois, ô terrible Beauté,
Voir en toi l’Amazone à l’unique mamelle
Dont le coeur ne bat plus que pour la cruauté
Si je ne sentais pas, ô fraîche nouveauté!
Pointer sur ce sein où la fleur au fruit se mêle
Les boutons rougissants d’une rose jumelle.
(José-Maria de Heredia)