Certes, ce ne fut pas en un instant de fête,
Que je vins m’enfoncer sous votre voûte, ô bois!
Seul et désespéré, comme un fauve aux abois
Qui cherche pour finir la plus sombre retraite,
Saignant de la blessure amère que ses doigts,
Que ses doigts adorés en jouant m’avaient faite.
Je venais pour goûter une dernière fois
L’atroce volupté de ma grande défaite.
Mais partout le soupir infini des forêts
Flottait et m’emplissait d’un suave murmure
Comme pour endormir ce coeur dont je souffrais.
Alors, oubliant tout, à ta voix, ô Nature,
Devant cette tendresse éternellement pure
Je compris que l’amour ne meurt point. Je pleurais.
(José-Maria de Heredia)