Dominique Saint-Dizier apparaît comme un électron libre dans l’espace
littéraire et artistique. Il se définit « auteur-plasticien », mêlant
étroitement les mots à des œuvres visuelles, sans céder à aucune
hiérarchisation des disciplines. On pourra voir, dans le présent ouvrage,
quelques uns de ses « dessins » composés exclusivement de mots illisibles,
une façon pour lui d’exprimer le silence. Depuis longtemps, Dominique
Saint-Dizier a cessé de se poser des questions. Cela ne l’empêche pas de se
poser les questions des autres, des questions
qui posent problème et qui l’ont incité à en dresser une première énumération
constitutive de ce livre pour le moins déroutant. Ainsi qu’il l’exprime
lui-même dans ces pages, « l’auteur-plasticien » mène un travail qu’il compare aussi à une « errance
ontologique » destiné à « réduire l’écriture à
son in-signifiance. » C’est dire qu’il tord volontiers le cou aux
certitudes et se montre très méfiant vis-à-vis d’un langage porteur de sens.
Humour et dérision sont convoqués pour « tordre la rationalité »
ainsi que les conformismes bienveillants qui justifient nos actes. Des questions qui posent problème » décapant - sans état d’âme - une langue
maquillée protectrice de doutes intérieurs. Voici quelques unes de ces
dérangeantes questions : « En
quel endroit de votre corps vous sentez-vous le plus vous-même ? »,
« De quel côté de votre peau vous sentez-vous plus nu(e) ? »,
« Est-ce que l’homme qui suit son ombre de très près prend un
risque ? », « Est-il possible d’arriver le premier à son terrier
en courant deux lièvres à la fois ? » J’en ajouterai une :
« Etes-vous prêt à répondre aux questions de ce livre ? »
par Alain Helissen
Dominique Saint-Dizier
Questions qui posent problème
éd. Corps Puce
90 pages ; 14 €