La bergère et le gentilhomme (Anonyme)

Par Arbrealettres


Que fais-tu là, bergère,
Que fais-tu dans le champ?
Vous endurez la pluie,
Le froid, le mauvais temps.
— Je n’endure ni pluie
Ni froid ni mauvais temps;
Je file ma quenouille,
Gardant mes moutons blancs.
Si tu voulais, bergère,
Si tu voulais m’aimer,
Nous irions à l’ombrette,
Là-bas dans ce vert pré.
Monte dans mon carrosse,
Laisse là ton troupeau;
Tu seras riche dame
Là haut dans mon château.
— Je me moq’ du carrosse
Et du Joli’ château;
J’aime mieux être libre
En gardant mon troupeau.
Les oiseaux de campagne
Sont cent fois plus hardis
Que ceux qu’on met en cage
Aussitôt qu’ils sont pris.

(Anonyme)