Ça cogne dur et ça canarde sec chez Joe R. Lansdale.
Hap Collins, le roi de la baston, veut faire plaisir à sa nouvelle copine dont la fille, une jeune putain, s'est fait maquer par une organisation. Mais quand ils débarquent dans le bordel avec leur ami Léonard et tout un arsenal, ils découvrent qu'elle s'est fait vendre à un gang de bikers, les Banditos Supremes, des Nazi survivalistes. Ils ont une ferme derrière la frontière mexicaine, avec des crotales tout autour et des flingues partout. Donc, nos héros y vont.
Humour scato, mais aussi contrastes irrésistibles (le nain manipulateur qui parle comme Shakespeare), sang et tripes (répandues), vie humaine qui a autant de valeur qu'un préservatif utilisé: c'est du lourd dans Tape-cul.
Une originalité dans le duo de héros texans, qui n'en est pas sa première aventure (« Une enquête de Hp Collins et Léonard Pine »). Le narrateur est le gentil. Sensible, humaniste. Peut-être pas selon nos critères, mais d'après son ami Leonard, homosexuel noir vétéran de la guerre du Vietnam qui a moins de scrupules que Staline, Hitler et Pol Pot réunis à répandre le sang, et que sa conscience ne trouble en rien: jamais un cauchemar.
Sa vision noire de la vie est confirmée par les faits, bien sûr. A la fin, la fille qu'ils ont sauvée se remet à tapiner et sa mère ne veut plus voir Hap. Mais le lecteur, lui, a passé 300 pages sans décoller le nez du livre.
Joe R. Lansdale, Tape-cul, Folio policier