« Mais on ne quitte pas La Nouvelle Orléans.
On y naît, on y crève.
C'est comme ça. »
Août 2005, un ouragan à qui le nom de Katarina a été donné, s'abat sur la Nouvelle Orléans. Lorsque des secours de fortune tente de faire sortir Zola Jackson de sa maison, celle-ci refuse tant que sa chienne ne sera pas autorisée à venir avec elle.
« La nuit, sans électricité et dans le vacarme, ce n'est pas seulement qu'on a peur,
c'est qu'on n'est plus rien »
C'est l'histoire d'une femme, de la Nouvelle Orléans, d'une mère qui aime trop son fils, s'il est possible d'aimer trop, de peaux noires, brunes et blanches, de yeux noirs, bruns et bleus. C'est l'histoire de mensonges, de non-dits, des lois impitoyables de la nature. Au moins celles-ci, au contraire des lois des hommes, sont justes dans leur injustice. Elles infligent et reprennent. Le même fardeau pour tous.
« Ce que le vent avait entamé, la pluie l'achèverait. C'est une loi du ciel. Une loi des ciels du Sud. »
C'est l'histoire d'un fils qui aime trop sa mère, s'il est possible d'aimer trop, d'eau, de vent, de digues garanties à vie comme autant de promesses non tenues, d'alligators attendant leur festin. C'est l'histoire d'un homme qui aime trop un homme, s'il est possible d'aimer trop, des attentes, des déceptions, du deuil, de ce que l'on est capable, de ce que l'on se relève ou pas.
« Maman, c'est dingue. Dingue, comme on se bat tous avec les clés qu'on a en main et qui n'ouvrent pas forcément les portes. »
C'est l'histoire de Zola Jackson, une femme que je n'oublierai pas de si tôt. Celui qui lui rend hommage par sa plume nous transporte avec limpidité et simplicité. Le texte est beau, les images sont fortes. J'ai senti l'odeur de l'eau infectée, je voyais les hélicoptères des télévisions dans le ciel, je regardais Zola Jackson dans les yeux et l'implorais de trouver une solution pour sauver notre peau.
J'ai été transpercée. Une centaine de pages ont suffi. Et quelle fin ! C'est juste la grande classe.
Mercure de France, 139 pages, 2010Un extrait...
« Ils étaient beaux, les garçons, quelle que soit ma peine à le dire, et quelle que fût ma colère parfois ; ils étaient beaux, pas comme des gravures de mode, non, ils étaient si sérieux avec leurs petites lunettes cerclées de métal, il étaient si ternes dans leurs grandes chemises de flanelle, et, s'ils venaient à se frôler, dans l'escalier ou dans la cuisine, l'amour qui les unissait non seulement n'échappait à personne, même pas à la mère aveugle que j'étais, mais il explosait du cadre de la photo, il éclaboussait le monde et le monde en était renseigné alors, oui, vraiment, je crois que c'était le plus grand amour qu'il m'ait été donné de voir et j'ai craché dessus, cet amour je l'ai condamné au nom de ce que je méprise le plus, la reproduction, j'ai fait souffrir mon fils pour un principe auquel je ne croyais pas et je ne sais pas, je ne sais quand mon supplice trouvera sa fin. »
Elles en parlent aussi...
Abeline, Amanda Meyre, Brize, Cathulu, Clara, Fashion, Stephie, Uncoindeblog...
Par Theoma - Publié dans : Romans français - Communauté : Salon LectureEcrire un commentaire 0 - Voir le commentaire - Voir les 0 commentaires - Recommander Précédent : Enterrement de vie de garçon –... Retour à l'accueil