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KOSOVO : L’union européenne dans l’embarras

Publié le 19 novembre 2007 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

COMMENTAIRE RELATIO : Attendre et voir… Wait and See … Confrontée au risque d'un déchirement interne sur l'indépendance du Kosovo, l'Union européenne s'est réfugiée ce matin dans une position attentiste en attendant la fin des négociations entre Serbes et Kosovars. Des négociations qui entraînent bien peu d’optimisme : comment un déjà trop dialogue de sourds pourrait-il miraculeusement d’ici au 10 décembre se transformer en discussions constructives ?

Les positions des deux parties semblent d’ailleurs plus éloignées encore les unes des autres depuis la victoire des indépendantistes kosovars aux élections de ce week-end. Cette victoire nette mais pas absolue  devrait entraîner rapidement la constitution d’un gouvernement de coalition (mais non de conciliation).

Consolation : les avis des observateurs européens concordent . Les élections se sont déroulées d’une façon démocratique très satisfaisante. Avec un bémol : l’abstention serbe, massive, a valeur d’opposition…et altère donc la légitimité de la consultation. DR

LES FAITS : Les ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept se sont réunis à Bruxelles au lendemain de la victoire du leader indépendantiste Hashim Thaci aux élections parlementaires. L'ancien chef de la guérilla de l'UCK (Armée de libération du Kosovo) s'est engagé à déclarer l'indépendance du Kosovo immédiatement après le 10 décembre, date de remise d'un rapport des médiateurs sur l'avenir de la province aux Nations unies.

Les Etats-Unis sont prêts à reconnaître cette indépendance contre la volonté de la Serbie et de la Russie, mais l'UE, si elle est en faveur du plan de l'Onu qui accorderait au Kosovo une indépendance sous surveillance internationale, est divisée sur la reconnaissance d'un geste unilatéral des Kosovars. L'Espagne et l'Allemagne, notamment, hésitent en redoutant les conséquences pour toute la région, où les velléités séparatistes, notamment des albanophones de Macédoine, risquent d'être encouragées si le Kosovo devient indépendant.

La prudence l'emporte donc pour l'instant, les chefs de la diplomatie européenne attendant le 11 décembre. "Je pense que nous devons attendre jusqu'à la toute dernière minute", a déclaré le ministre portugais des Affaires étrangères, Luis Amado, dont le pays préside actuellement l'UE. "L'Union européenne a appelé toutes les parties dans ces circonstances à se comporter de manière prudente et cela s'applique à la fois à Belgrade et à Pristina", a renchéri son homologue autrichienne, Ursula Plassnik. Même si les pourparlers n'ont pratiquement aucune chance d'aboutir, ils permettent à l'Union de gagner du temps, à la fois pour convaincre les Kosovars de patienter et d'affiner sa propre réaction à une éventuelle déclaration d'indépendance.

PAS DE DÉCLARATION UNILATÉRALE : APPEL A LA PRUDENCE

"Le Kosovo devrait obtenir son indépendance, (mais) ce ne doit pas être une déclaration unilatérale", a estimé le ministre britannique des Affaires européennes, Jim Murphy. "Cela devrait être une indépendance qui est coordonnée avec la communauté internationale. C'est un défi européen. On ne peut pas demander aux Etats-Unis de le résoudre pour nous."

Le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, a lui aussi appelé les dirigeants kosovars à la prudence."M. Taci doit comprendre qu'il y a une différence entre être un homme politique d'opposition et être un Premier ministre responsable", a-t-il expliqué. L'attente de l'échéance du 10 décembre permet aussi à l'UE de démontrer qu'elle a tout fait pour parvenir à un compromis entre la Serbie et le Kosovo, dont 90% de la population est de souche albanaise, mais que ces efforts ont été inutiles.

INQUIETUDES POUR …LA BOSNIE

Wolfgang Ischinger, le diplomate allemand chargé de la médiation au nom de l'UE, aux côtés des Etats-Unis et de la Russie, doit rencontrer de nouveau les dirigeants serbes et kosovars albanais mardi à Bruxelles. Une nouvelle tentative de médiation est programmée le 26 novembre, deux semaines avant la date du 10 décembre. La Serbie a proposé une large autonomie mais les Kosovars albanais n'accepteront rien de moins que l'indépendance.

Un projet de la déclaration qui sera diffusée à l'issue de la réunion des ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept doit souligner parallèlement la grave préoccupation de l'UE face à l'aggravation de la situation politique en Bosnie, allusion au blocage sur les réformes institutionnelles entre les dirigeants des trois communautés serbe, musulmane et croate. Les diplomates européens déclarent que les tensions liées au Kosovo s'étendent à la Bosnie. Le projet de réduction de la force européenne de paix de 2.500 hommes en Bosnie a été suspendu pour le moment, ajoutent-ils.


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