Après venait le texte en lui-même, je vous le retranscris tel quel, j’en ai encore la chair de poule :
Cher Arthur,
Vous n'êtes pas venu(e) sur PriceMinister depuis longtemps. Et il faut bien le dire,
vous commencez à nous manquer. Aussi pour vous montrer que vous comptez vraiment pour nous, nous vous offrons un bon d’achat de 5€* à valoir sur une prochaine commande. Et cette remise passe à 10€ pour tout premier paiement avec 1euro.com. Voilà de quoi vous faire plaisir tout de suite !
Après, c’est déchirant, cette image d’un cœur brisé à côté de la formule :
Vous ne nous aimez plus ?
Et ça continue :
Que vous soyez content ou mécontent de PriceMinister, donnez-nous les raisons pour lesquelles vous n'êtes plus avec nous. Toutes vos réponses sont les bienvenues !
Que répondre à ça ? En un clin d’œil, tout m’est revenu, la galère à Paris pour trouver un site qui fasse le Magimix le moins cher, puis la joie de trouver le bon, Price Minister, avec possibilité de venir récupérer chez le fournisseur, la transaction efficace par carte bleue avant de me donner l’adresse de retrait. Les coups de fils chez le fournisseur, cette façon si pratique de m’indiquer le chemin, la bretelle de sortie d’autoroute du côté de Valence, quinze jours plus tard, les petits hameaux typiques et perdus sous la pluie, le petit chemin, la maison avec la piscine en plastique, cette femme charmante qui nous aide à mettre le colis dans le coffre sous un parapluie, on dirait du Brassens nom de Dieu !
Quel salaud j’étais ! Ces gens de Price Minister m’envoyaient régulièrement de leurs nouvelles, et moi je jetais toutes leurs fleurs à la poubelle ! Ces gens m’aimaient pour de bon et je ne le savais pas, je ne le savais plus… Heureusement que j’ai fini par ouvrir un de leur message pour enfin rouvrir les yeux…
Depuis je ne sais plus ou donner du cœur. Quand je vois Paul Vergès sur la couverture de sa brochure de l’Alliance, je le trouve tellement beau ! Il est entouré de jeunes souriants, en si bonne santé, un ti marmay la kour entraine les autres dans la danse, y’a même une fille pas trop mal qui se passe la main dans les cheveux du style « ouah, totoche, c’est Paul en personne ! » Elle y croit pas la fille tellement c’est beau, et Paul, lui, il est si serein, si force tranquille, il a l’air de marcher lentement, radieux au milieu de ses enfants de toujours. Et avec sa tête de hamster jovial, c’est une vraie mascotte le Paul, la mascotte éternelle ! Le problème, c’est que maintenant y sont tous pareils à mes yeux, y’a 15 jours je voulais même plus voter, là j’ai envie de mettre tous les bulletins d’un coup dans l’urne…
Après y’a pas que la politique. J’me rends compte : un curé qui baise les enfants, c’est de l’amour qu’il leur donne ! D’ailleurs il fait toujours une partie de PlayStation avec eux après, comme quoi c’est pas que sexuel… Quand trois types en sodomisent un autre à même le trottoir, c’est leur façon à eux, mais c’est de l’amour qu’ils expulsent de leurs petits êtres si fragiles ! Comment leur en vouloir ? Toutes ces femmes violées, battues, elles savent bien pourquoi elles souffrent, parfois jusqu’à la mort… Les flics qui sont mis au courant mais qui n’empêchent pas l’issue fatale, c’est parce qu’ils savent bien ce qu’y se cache derrière… Et l’Hortefeux, et le Besson, y font pas la sortie des écoles pour des quotas d’immigration, mais bien pour aider tous ces déracinés à se retrouver dans leur pays, chez eux, là où on les aimera encore plus ! Et j’en passe des messages dégoulinants qu’on nous sert tous les quarts de seconde à la télé, comment que la Ferrari elle nous simule le baiser mouillé en nous plissant délicatement des paupières tout en piétinant dans sa phrase sur l’annonce des intempéries ! Ça vous ramollit pas votre petit cœur, ça ?
Je vous le dis, moi, tout est histoire d’Amour dans ce bas monde, parfois un peu de cul ou de fric, mais c’est pour se justifier… Sarko, Castro, Kadhafi, les banques, les rois de la banane, Rumsfeld, les traders, Ravalomanana, les psycho killers, Ahmadinejad, les passeurs, les dealers, les maquereaux, Kim Jong-il, en fait ils s’aiment, ils nous aiment tous à la fois mais ils savent pas toujours bien comment nous le dire, alors on a des fois un peu du mal à les entendre, voilà tout. Débouchons nous les oreilles, continuons le combat à leurs côtés, et l’amour nous le rendra au centuple…
Ouais, en fait j’avais pas tout compris, mais maintenant que j’ai vraiment tout pigé, je suis prêt à me laisser enfiler pour de bon, avec le sourire ! J’accepterai désormais tout ce que vous voulez sans broncher, et tout ce qu’il en ressortira sera ma bave gluante de bonheur, le nectar fructifié d’un sang froid et chaud à la fois. Vous savez, même la mort nous aime plus que tout, dès notre premier jour… Que tu aies cinq, quinze, trente ou quatre-vingt dix ans, elle te regardera toujours en se léchant les babines, jamais envieuse, mais si désireuse… La rédemption est inutile, le pardon n’est qu’un leurre, et les péchés capitaux qu’un passage, plus ou moins obligé(s)… Les paroles s’envolent, les écrits flambent, seul l’amour demeure. « Muerte, muerte », chantent les anges au-delà des cieux, à la grande messe de cette mort-providence qui nous a tous créés et nous emportera, égaux et réunis, dans le grand flot incommensurable de l’Amour. J’avais oublié tout ça, je me battais contre des moulins à vents. Merci à toi, Price Minister, de m’avoir sorti de ma torpeur.
Arthur