Cette rafle a conduit 13 152 Juifs, hommes, femmes et enfants vers les camps de la mort nazis.
Joseph a onze ans.
Et ce matin de juin, il doit aller à l'école, une étoile jaune cousue sur sa poitrine.
Il reçoit les encouragements d'un voisin brocanteur, les railleries d'une boulangère.
Entre bienveillance et mépris, Jo, ses copains juifs comme lui, leurs familles, apprennent la vie dans Paris occupé par l’armée allemande, sur la Butte Montmartre, où ils ont trouvé refuge.
Du moins le croient-ils, jusqu'à ce matin du 16 juillet 1942, où leur fragile bonheur bascule.
Du Vélodrome d'Hiver, où les raflés sont entassés, au camp de Beaune-La-Rolande, de Vichy à la terrasse du Berghof, une des résidences d’Adolf Hitler, La Rafle suit les destins réels des victimes et des bourreaux.
De ceux qui ont orchestré.
De ceux qui ont eu confiance.
De ceux qui ont fui.
De ceux qui se sont opposés.
Tous les personnages du film ont existé.
A l’origine du film, il y a deux ans et demi de reportage et d'enquête.
Roselyne Bosch a rassemblé des témoignages, écrits ou enregistrés, pour construire son récit et ses personnages.
Elle est entrée en contact, avec l'aide de Serge Klarsfeld, avec trois témoins encore vivants : Fernand Bodevin, l’un des pompiers du Vel’ d'Hiv’, Joseph Weismann et Anna Traube.
Tous les faits et anecdotes du film sont véridiques, qu'ils soient directement liés ou non à la rafle et à la déportation.
Les rafles d’hommes juifs en France, demandées par les allemands et réalisées en collaboration avec la police française, commencent à Paris en mai et août 1941, avant la décision des nazis, à l’automne, d’exterminer tous les Juifs d’Europe.
Le 15 juin, alors que deux convois ont déjà quitté la France pour Auschwitz, le quota pour l’Hexagone est fixé à 40 000 personnes à déporter en 1942.
Theodor Dannecker, représentant d’Adolf Eichmann, mène les négociations avec René Bousquet, Secrétaire Général à la police de l’État français.
Le 2 juillet, un accord est entériné.
20 000 Juifs étrangers seront arrêtés en zone occupée, 10 000 autres en zone libre.
Pierre Laval, le Président du Conseil déclare se désintéresser des enfants en zone occupée et propose aux allemands, qui ne l’avaient pas réclamé, la déportation des enfants dont les parents seront arrêtés en zone libre.
En zone occupée, les arrestations débutent dès le 13 juillet.
13 152 Juifs, dont 4 115 enfants, la plupart nés en France, sont arrêtés à leur domicile, sur la base du fichier élaboré par la Préfecture de Police.
Gardiens de la paix, inspecteurs en civil, élèves des écoles de police, soit près de 7 000 hommes, participent à la rafle.
Les adultes seuls sont envoyés à Drancy.
Les familles, soit 8 160 personnes, sont parquées pendant 3 à 5 jours au Vel’ d’Hiv’.
Les conditions de détention sont effroyables. Rien n’a été préparé ou prévu, ni ravitaillement, ni confort, et les sanitaires sont vite hors d’usage.
Les familles sans soin, sans eau potable, dans une chaleur estivale étouffante, respirent un air empuanti et poussiéreux. Elles sont soumises à un éclairage violent jour et nuit et sont assourdies par les appels incessants des hauts parleurs. Elles sont exposées à la contagion, la promiscuité et la terreur.
Les familles transférées du Vel’ d’Hiv’ entre les 19 et 22 juillet 1942 arrivent aux camps de Pithiviers et Beaune-La-Rolande, gérés par l’administration française.
Les témoignages rapportant cet événement font état de scènes difficilement supportables.
Seuls 25 adultes de la rafle du Vel d'Hiv', déportés à Auschwitz, survécurent, aucun enfant ne survécut.
Le point de vue de Roselyne Bosch dans La Rafle est celui des enfants qui ne reviendront pas du Vel’ d'Hiv’ et d'Auschwitz.
Un film à voir absolument pour que jamais personne n’oublie, en cette période où renaissent et s’exposent de nouveau sans honte, l’antisémitisme, le racisme, la xénophobie et où se développe l’homophobie.
Seigneur, protège-nous du retour de la barbarie.