Je suis allée sur le site de David Lindorff, le journaliste nord-américain de Philadelphie, déjà l'auteur de l'article de Couterpunch sur les enfants exécutés menottés. Il continue à interpeller la presse américaine sur la manière dont elle tait ce qui se passe réellement en Afghanistan. On pourrait poser la même question à l'armée française et à nos médias. Le silence qui règne sur ce qui se passe dans cette guerre dont chacun sait à quel point elle est inutile, meurtrière de civils et d'un coût prohibitif, devrait tout de même nous inquiéter. Il est rare d'avoir une armée française en guerre avec si peu de nouvelles de ce qui est commis par nos troupes ou ce qu'il faut bien appeler les « miliciens » locaux des « forces d'occupation. Souvenez des pétitions sur les femmes et la Burqa, sur la manière dont on nous a fait pleurer du Monde à la presse féminine, en passant par la radio télé sur les femmes afghanes pour justifier l'intervention, non seulement aujourd'hui tout le monde s'en fout même le jour de la femme, mais ce sont leurs enfants qui sont les victimes toujours dans l'indifférence générale.
Le but déclaré de la Guerre d'Afghanistan menée par les États-Unis, selon l'Administration d'Obama, est de vaincre les Talibans et d'établir un gouvernement démocratique stable sur la totalité du pays. Examinons ce qu'il en est de créer une armée Afghane professionnelle et une police qui ne soit pas corrompue et qui aurait le respect du peuple Afghan.
Mais des rapports venus du Canada suggèrent que loin de créer une telle armée et une telle police, la prétendue Sécurité Internationale et la Force d'Aide (ISAF) ferment les yeux sur la criminalité de voyou de ces organisations, tant pour éviter l'opposition croissante dans les pays membres de ISAF, que pour éviter d'affronter ces organisations en Afghanistan.
Ce qui est pourtant en question est le viol ordinaire et la sodomie d'enfants par des soldats Afghans et la police en fonction sur les bases de postes canadiens dans la région de Kandahar.
Comme l'a annoncé l'automne dernier le journal the Ottawa Citizen l'aumonier de l'armée canadienne et quelques soldats se sont plaint dès 2006 que des forces de sécurité Afghanes aient sodomisé de jeunes garçons sur leur base. Un coup de sifflet militaire que les huiles militaires ont ignoré en enterrant les plaintes, parce qu'elles craignaient la mauvaise publicité que cela pouvait occasionner.
Le journal annonce que la police militaire canadienne s'est aussi plainte, de ce que le Général de brigade. J.C. Collin, le commandant de Force de Terre du Secteur Central, leur ait dit »de ne pas s'immiscer dans des incidents lequelles forces Afghanes faisaient l'amour avec des enfants. »
Selon le journal, le commandement militaire canadienne a soutenu que, bien que pratiquer la sexualité avec des enfants soit illégal en Afghanistan, la pratique est culturellement admise et que les forces canadiennes « ne devraient pas être impliquées dans ce que l'on devrait considérer comme une question 'culturelle'. »
On s'interroge sur la nature des les autres pratiques « culturelles » impliquant des forces de sécurité Afghanes dans lesquelles les occupants Occidentaux pourraient ne pas devoir être impliqués. Peut-être l'oppression de femmes ? Cela fait certainement partie de la culture. Comme la corruption et l'extorsion ? A partir de l'évidence - que la police en Afghanistan est une entité complètement corrompue et que l'armée n'est pas beaucoup mieux - on peut alléguer que la corruption est « culturellement acceptable » rien de plus facile. Et le trafic de drogue ? Ca aussi cela semble être tout à fait du domaine culturel en Afghanistan.
Que soient loués les fantassins canadiens, les MPS et les aumoniers pour qui abuser sexuellement d'enfants est plus que leur estomac ne peut en supporter et qui ont fait état publiquement, en retournant chez eux au Canada, de ce que leurs propres commandants cherchaient à dissimuler.
On peut pourtant alors se demander, pourquoi ici aux États-Unis hyper-moralisants, nous n'avons pas entendu parler par quelques voyeurs de nos troupes ou leur aumonier de tels actes par des forces Afghanes sur des bases américaines. Souvenez-vous, nous parlons d'une armée américaine qui affirme toujours que si vous êtes reconnu comme homosexuel, vous devrez quitter le service ou en être renvoyé, et pourtant personne n'a perçu une activité des troupes Afghanes violant par habitude culturelle de jeunes garçons derrière les baraques ?
C'est dur, après tout, de croire qu'une pratique si commune sur une base canadienne qu'elle a provoqué haut le coeur parmi des soldats canadiens n'ait pas lieu aussi ailleurs.
Cela nous ouvre deux possiblités :
1. Des soldats américains et des marines ne désirent pas spontanément sortir de la voie hiérarchique et faire état de leurs plaintes auprès du public ou
2. Les médias des EU ne sont pas intéressés par l'examen de cette sorte d'histoire. Elle implique seulement des Afghans et qui se soucie des Afghans ? Ce que couvrent les journalistes américains est Américain. (Rappelez-vous la grande avalanche d'histoires concernent les escapades sexuelles des gardes à l'ambassade des EU à Kaboul ?)
C'est probablement une combinaison des deux.
En tout cas, l'image qui ressort de l'armée de l'Afghanistan et la police dans l'article de The Ottawa Citizen n'est pas de bonne augure ni d'ailleurs aucun plan qui tablerait sur leur sucession à l'armée étasunienne et aux troupes de l'ISAF dans un avenir proche... ou pour le destin des petits enfants de l'Afghanistan, s'ils s'en occupent.
socio13