Les autorités avaient déjà fait réprimer sauvagement la marche organisée deux jours plus tôt vers la préfecture de Khouribga.
En fait, le bras de fer entre ces mineurs et l’OCP dure depuis plus de six mois. Cette situation fait suite au licenciement collectif de 850 salariés qui travaillaient à l’exploitation du phosphate dans la région de Khouribga et qui ont voulu constituer un syndicat affilié à l’Union marocaine du travail (UMT) afin de défendre leurs droits.
Ces travailleurs ont été embauchés dans les années 2001-2002 par la société Smesi Régie, filiale du groupe Office chérifien des phosphates (OCP), pour travailler sur le site minier de Boujniba, dans la région de Khouribga. Au Maroc, l’Office chérifien des phosphates, établissement public devenu groupe OCP en 1975, puis OCP SA en 2008, détient le monopole de l’exploitation de ce minerai. Il extrait chaque année 24 millions de tonnes du sous-sol marocain, ce qui en fait le premier exportateur mondial, et réalise un chiffre d’affaires annuel d’environ 5 milliards d’euros, ce qui en fait le plus gros exportateur de phosphate sous toutes ses formes.
Pour parvenir à ces résultats, l’OCP surexploite des milliers de mineurs titularisés, mais aussi des milliers de travailleurs temporaires. Le groupe a également fait appel à des sociétés d’intérim pour l’exécution de certaines tâches.
La majorité des 850 licenciés travaillaient à la production, dans les galeries ou dans la mine à ciel ouvert, mais également comme chaudronniers, mécaniciens d’entretien, conducteurs d’appareils de levage ou de poids lourds, informaticiens ou comptables. Bien qu’ils aient été embauchés par la Société marocaine d’études spéciales et industrielles (Smesi), c’est l’administration de l’OCP qui, durant toutes ces années, était directement responsable de leur affectation et de leurs tâches.
L’été 2008, la direction du groupe OCP avait intégré 883 ouvriers dans une situation similaire, ainsi que d’autres salariés embauchés par diverses filiales, mais elle a refusé sous de faux prétextes d’accorder les mêmes droits aux 850 de la Smesi. La constitution d’un syndicat UMT en mai 2009 a précipité la répression, avec la mise à pied en juillet de 150 ouvriers, dont des membres du syndicat, puis à la généralisation de cette mesure aux 700 autres.
Face à cet arbitraire et à ce mépris des droits et des libertés syndicales, Lutte Ouvrière affirme sa solidarité avec ces travailleurs et s’associe à tous ceux qui dénoncent la répression et réclament la réintégration de tous les licenciés par l’OCP.
5 mars 2010 - Lutte Ouvrière - Vous pouvez consulter cet article à :
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