La peur…

Encore un extrait du livre Le Sarkozysme sans Sarkozy, de Serge Portelli, chez Grasset. Serge Portelli est vice-président au Tribunal de Paris, président de la 12^ème Chambre correctionnelle.

***

Si la peur s'installe partout c'est que le pouvoir lui-même a peur, face à ce mécontentement populaire qui s'exprime de façon de plus en plus claire.

Nicolas Sarkozy, qui se voulait près des «gens», des «braves gens», parlant, pensant comme eux, a été victime de son propre populisme. Quand le dirigeant n'a, en réalité, aucun lien avec les classes populaires, le divorce peut s'installer rapidement. A la flatterie du peuple répond l'agacement. Au mépris, le mépris.

L'exaspération face aux promesses non tenues est grandissante. Les chômeurs d'aujourd'hui et de demain grondent. Les dirigeants devraient se terrer, mais ils ne peuvent se taire! Si en matière de train de vie, il leur est toujours possible de passer de l'ostentation à la modestie, face au peuple ils ne sauraient renoncer aux bains de foule pour un repli frileux sur l'Elysée. D'autant que le Sarkosysme, on le sait, repose sur une volonté d'occupation de l'espace médiatique et d'exhibition permanente.

La police va tenir le peuple à l'écart du prince qui, à chaque fois, se composera un entourage de circonstances. Chaque déplacement se fait au prix d'un déploiement de force extraordinaire, qu'il s'agisse d'une grande ville ou d'un petit village.