Evolution des couches de glace au Groenland
Lancé en 2002, le satellite américain Gravity Recovery and Climate Experiment (GRACE) s’emploie à observer la répartition des masses à la surface de notre planète et étudie également l’évolution des couches de glace dans les régions polaires.
L’animation ci-dessous témoigne des changements importants dans la couverture de glace de la grande île du Groenland entre 2003 et 2008. Composée d’images acquises au mois de septembre de chaque année – il s’agit de la période où les glaces d’été sont à leur minimum -, les couleurs marquent les différentes épaisseurs constatées. Exprimées en centimètres (voir l’échelle), les zones en vert sont celles qui sont les plus stables tandis qu’en bleu et en violet, on observe les pertes les plus fortes. En même temps que les fontes sont spectaculaires et croissantes dans les régions du littoral sud, d’abondantes précipitations ont augmenté la masse de glace au nord, ici en rouge et blanc. Les proportions ne sont pas les mêmes. Les scientifiques ont calculé que le Groenland a perdu 1 500 gigatonnes de glace entre 2000 et 2008. Une fonte progressive qui représente une élévation des mers et des océans de 0,46 millimètres par an !
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Le Groenland concentre à lui seul, 8 % de l’eau douce de notre planète. Si toute cette glace venait à fondre, le niveau des océans s’élèverait de 7 mètres ! De l’avis de nombreux experts, ces grandes quantités d’eau douce déversées dans les eaux salées des océans arctiques et atlantiques perturberaient le fameux « Gulf Stream ». Mais ce n’est pas tout, les changements de masses sur la croûte terrestre induisent des modifications de répartition des masses et, donc, de la tectonique des plaques (voir « rebond postglaciaire »). Sans oublier, le méthane accumulé au fond des océans (ainsi que dans le permafrost sibérien, entre autres) qui se voit libéré par la fonte de ses cages de glace.
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Humeur
Des phénomènes aux conséquences planétaires que beaucoup persistent à ignorer. Je fais allusion bien sûr aux climato-sceptiques qui se sont unis dans la bataille. Depuis le semi-échec de la conférence de Copenhague en décembre 2009, les attaques contre le GIEC n’ont de cesse et se succèdent. Le but de la manœuvre est bien évidemment de discréditer le long travail scientifique des experts nommés par l’ONU. Les détracteurs ont le vent en poupe et la presse s’en fait l'écho ces dernières semaines, parfois sans approfondir (certains intervieweurs veulent faire du sensationnel et leurs questions ressemblent trop à des affirmations).
Parce que trois erreurs ou coquilles ont été relevées dans un rapport de plus de 600 pages, beaucoup se permettent de critiquer rageusement le groupe d’experts, de ridiculiser le travail de 25 années, les recherches menées aux quatre coins du globe par des milliers de scientifiques. Ce n’est pas très sérieux, d’autant que ces sceptiques emploient des méthodes d’espionnage douteuses, financées par les grands lobbys pétroliers et des arguments faibles et infondés.
On retrouve le même zèle que naguère, lors des campagnes anti-tabac. Les fabricants de cigarettes n’hésitaient pas à engager des scientifiques pour vanter le bienfait de leurs produits, histoire de faire oublier les ravages du tabac. Il était question de moquer les thèses de sa nocivité …
Si on prête l’oreille à leurs propos et idées : il est évident que nous ne rejetons pas massivement du dioxyde de carbone (CO2) depuis plus 150 ans et que, d’ailleurs, ce n’est pas un gaz à effet de serre. Aussi, le nombre de particules par million (ppm) de CO2 n’a pas augmenté depuis Adam et Eve (il faut savoir qu’il n’est pas question pour les créationnistes de parler de changement climatique à l’école …), son absorption par les forêts et les océans n’a pas varié. Si il y a un changement climatique, c’est naturel, cela a toujours existé … On ne sait pas à quoi cela est dû mais c’est normal et on n’a rien à craindre. Cette augmentation d’énergie dans l’atmosphère n’a aucune conséquence sur notre mode de vie. Et, surtout, on peut continuer d’exploiter le pétrole, les forêts, le gaz, les métaux précieux, indéfiniment et même de plus en plus. Vive la croissance perpétuelle, n’est-ce pas ! Nous n’avons qu’une planète mais elle est inépuisable !
Voilà la pensée sous-jacente diffusée par la plupart de nos climato-sceptiques et qui pénètre dans l’opinion. L’idée que le rapport du GIEC est truffé d’erreurs fait son chemin et cela est, malheureusement, dit et répété à travers des titres en raccourcis (et aussi des articles courts) dans plusieurs journaux ou sur l’antenne des radios. Le doute est semé pour la plus grande satisfaction de leurs principaux détracteurs tels Claude Allégre et autres Vincent Courtillot (climato-sceptique made in France). Malheureusement, leurs arguments ne tiennent pas debout (lire par exemple : « Le cent fautes de Claude Allègre« ) et cela ne se dit pas assez !
Voir et écouter (podcasts) Sir Nicholas Stern, conférences au Collège de France de février 2010 : « Les deux grands défis du XXIéme siècle, vaincre la pauvreté et gérer le changement climatique » et aussi, « Gérer les changements climatiques », « L’éthique du changement climatique ».
Voir « L’action de l’Homme sur le climat » par Hervé Le Treut, Université de Tous Les Savoirs et plein d’autres encore au rayon développement durable et environnement.
Vous pouvez aussi réécouter l’émission La Tête au Carré du 2 mars 2010, « les controverses du climat » avec Jean Jouzel et Martine Tabeaud.
Crédit photo : NASA/JPL.