Le héros de Chesterton peut s'inscrire - peu ou prou - dans la lignée de Sherlock Holmes celui de Conan Doyle qui lui est antérieur. Un sens de l'observation très développé, la réflexion prime l'action, le raisonnement l'emporte sur la logique immédiate, le Père Brown démonte les scénarios criminels avec une maestria qui laisse pantois. Seule petite critique, chaque enquête ne faisant l'objet que d'une trentaine de pages - nous sommes dans le cadre de la nouvelle et non du roman - la résolution des énigmes est très rapide, j'aurais préféré que Chesterton/Brown ait plus de temps pour nous amener au but. Par contre contrairement à Conan Doyle il y a beaucoup plus d'humour dans la tournure de phrase et là j'y trouve un très léger parallèle avec Wodehouse l'inoubliable créateur de Jeeves.
Ce livre L'Innocence du Père Brown compile douze enquêtes de l'ecclésiastique parmi la cinquantaine dont il fut le héros et rassemblées dans cinq recueils entre 1911 et 1935. Je conseille de ne pas les lire d'affilée, car comme je l'ai écrit plus haut, elles ne s'étendent pas sur de très longues pages et assez rapidement les « trucs » de l'écrivain et le raisonnement du Père Brown peuvent devenir lassants ou répétitifs, ce serait alors un beau gâchis car il s'agit d'un très bon livre au demeurant.
« Un radical n'est pas forcément un homme qui ne vit que de radis, fit remarquer Crook avec quelque impatience, et un conservateur un homme qui ne conserve que des confitures. De même, je vous assure, le vœu le plus cher d'un socialiste n'est pas de passer la soirée avec un ramoneur. Un socialiste veut simplement voir toutes les cheminées bien ramonées et tous les ramoneurs bien payés pour le faire. »