La France ne "s'ennuie" plus. Elle est trop fatiguée. C'est cet état qui préoccupe le Maire de Paris dans une analyse qui mérite l'attention.
Le Maire de Paris développe une analyse qui mérite l'intérêt. Dans un communiqué de ce jour, il indique :
"Il fut un temps – Lamartine en 1847, Viansson-Ponté en 1967- où le verdict était annonciateur de secousses qui allaient, un an après, bouleverser tout l'édifice politique et social : "la France s'ennuie". Aujourd'hui, le constat est d'une autre nature, assez bien résumé par le médiateur de la République : la France est "fatiguée psychiquement", "dans un état de grande tension nerveuse". Et sans doute même trop fatiguée pour se révolter… Dans le récent livre de Florence Aubenas, auquel j'ai fait écho sur ce site, il y a un passage terrible : des travailleurs précaires écoutent, au petit matin, à la radio, un ténor de la politique spectacle annoncer les prémices d'une "révolution". Et l'un d'eux, alors, de s'écrier : "La révolution ? Mais non, on n'en est pas capables, on a bien trop peur !"
Le pouvoir a-t-il conscience de cette crise profonde, sourde et intense, souvent silencieuse ? La question n'est pas polémique, elle est simplement légitime. Le chef de l'Etat qui prétendait incarner la puissance du politique et le contact assumé avec les Français livre chaque jour un peu plus l'image d'un chef de parti aux abois, confondant action et tactique, prompt désormais à éviter les maires réunis en congrès ou à retarder au maximum l'échange avec les agriculteurs lors de leur salon annuel. Et pendant ce temps, le chômage explose et l'exclusion s'installe.
C'est dans ce contexte que la France est invitée à renouveler les exécutifs de ses régions. Celles-ci ne sont pas des "contre pouvoirs" comme l'affirmait récemment le premier ministre. Elles peuvent en revanche jouer le rôle essentiel de contrepoids, face à la brutalité sociale de l'Etat UMP. Devant ces enjeux, la gauche a une immense responsabilité, pour aujourd'hui et pour demain. Quels que soient les résultats des 14 et 21 mars, ils dessineront pour les socialistes une exigence évidente qu'ils devront s'imposer à eux-mêmes. Redonner un sens à l'espoir, en proposant une alternative crédible, fondée sur l'imagination, l'authenticité et l'ambition de solutions opérationnelles. Avec de surcroît les deux vertus qui manquent le plus, en 2010, à l'action et à la parole publiques : l'humilité et le courage."
Un communiqué qui semble prendre date pour une inconnue sociale au printemps 2010 faute de réponse politique forte et rapide aux messages des urnes des 14 et 21 mars 2010.