Tu vois, mon cher chien, il s'agit d'une pierre . Elle est noire et dure , c'est du quartz. Toi-même t'y casserais les dents. Cette pierre n'est pas pour toi. Elle a appartenu à Yves Saint-Laurent ainsi qu'à Pierre Bergé. Tout le monde en parle. Avec quelques autres objets de culte, on lui a trouvé un temple à sa mesure : le Grand palais à Paris. Elle a été mise aux enchères par un commissaire aristocrate lors de la liquidation d'un vieux galetas d'amis poètes. Tu sais aussi que je possède quelques pierres, dont des silex taillés de la Préhistoire... Mais tout cela ne vaut rien ! Cette pierre là, estimée selon le Figaro à 3000 € a vu son prix multiplié par 15! Soit environ quatre vingt ans de croquettes! Mais qu'est-ce donc que cet chose étrange que la valeur? Enfoncé le vieux concept Marxiste de valeur d'échange et de valeur d'usage. Quel usage? Sans doute ira-t-elle boursoufler le narcissisme contemporain de quelque collectionneur . Peut-être y trouvera-t-il là un esprit, un envoûtement car cette pierre a été possédée. Bref, une sorte de plus-value. À chaque fois qu'il regardera l' éclat sombre de son âme emprisonnée il frissonnera d'une émotion bien plus grande, bien plus étrange que celle d'avoir de l'argent. Et sa valeur d'échange? aucune importance. Les riches sont tellement riches que plus la dépense est grande plus la frustration qui l'accompagne est exponentielle. Tout cela fonctionne à la marge. Alors qu'est ce que le prix : rien. Qu'on songe à ce tableau de Picasso faisant partie du même gourbi qui n'a connu aucune enchère ! Là aussi c'était l'offre et la demande. Pas de demande, pas de prix. Tu vois, mon cher chien, je me suis pris immédiatement à rêver... J'aurais pu proposer un euro et posséder un Picasso. Encore la possession ! Toute une psychanalyse à refaire...ils ne s'arrêteront jamais. Posséder toujours. Lacan et "L'origine du monde" ne sont pas très loin. Les cendres de Gandhi doivent encore virevolter sous le vent de folie des hommes. Les mêmes aristocrates du moderne, vendeurs mondains, arbitres des élégances et des valeurs artistiques se sont emparés de ses lunettes de la Sécu, de ses sandales (j'ai dû avoir les mêmes dans les années 70) et de, paraît-il, un bol. D'où viennent ces grands maîtres de l'échange total, du Potlach version grand capital ? le marteau n'a pas toujours été d'Ivoire. Leurs origines sont sombres comme le XIXe siècle où les pauvres par un curieux retournement de l'histoire leur confiaient le peu qu'il possédaient. Des bijoux en toc, une médaille du travail, une table faite à la main, le fauteuil du vieux, afin de pouvoir payer l'épicier à la fin la semaine. C'est un peu la même histoire que celle d'Yves Saint-Laurent et de Pierre Bergé.
Tu vois, mon cher chien, il s'agit d'une pierre . Elle est noire et dure , c'est du quartz. Toi-même t'y casserais les dents. Cette pierre n'est pas pour toi. Elle a appartenu à Yves Saint-Laurent ainsi qu'à Pierre Bergé. Tout le monde en parle. Avec quelques autres objets de culte, on lui a trouvé un temple à sa mesure : le Grand palais à Paris. Elle a été mise aux enchères par un commissaire aristocrate lors de la liquidation d'un vieux galetas d'amis poètes. Tu sais aussi que je possède quelques pierres, dont des silex taillés de la Préhistoire... Mais tout cela ne vaut rien ! Cette pierre là, estimée selon le Figaro à 3000 € a vu son prix multiplié par 15! Soit environ quatre vingt ans de croquettes! Mais qu'est-ce donc que cet chose étrange que la valeur? Enfoncé le vieux concept Marxiste de valeur d'échange et de valeur d'usage. Quel usage? Sans doute ira-t-elle boursoufler le narcissisme contemporain de quelque collectionneur . Peut-être y trouvera-t-il là un esprit, un envoûtement car cette pierre a été possédée. Bref, une sorte de plus-value. À chaque fois qu'il regardera l' éclat sombre de son âme emprisonnée il frissonnera d'une émotion bien plus grande, bien plus étrange que celle d'avoir de l'argent. Et sa valeur d'échange? aucune importance. Les riches sont tellement riches que plus la dépense est grande plus la frustration qui l'accompagne est exponentielle. Tout cela fonctionne à la marge. Alors qu'est ce que le prix : rien. Qu'on songe à ce tableau de Picasso faisant partie du même gourbi qui n'a connu aucune enchère ! Là aussi c'était l'offre et la demande. Pas de demande, pas de prix. Tu vois, mon cher chien, je me suis pris immédiatement à rêver... J'aurais pu proposer un euro et posséder un Picasso. Encore la possession ! Toute une psychanalyse à refaire...ils ne s'arrêteront jamais. Posséder toujours. Lacan et "L'origine du monde" ne sont pas très loin. Les cendres de Gandhi doivent encore virevolter sous le vent de folie des hommes. Les mêmes aristocrates du moderne, vendeurs mondains, arbitres des élégances et des valeurs artistiques se sont emparés de ses lunettes de la Sécu, de ses sandales (j'ai dû avoir les mêmes dans les années 70) et de, paraît-il, un bol. D'où viennent ces grands maîtres de l'échange total, du Potlach version grand capital ? le marteau n'a pas toujours été d'Ivoire. Leurs origines sont sombres comme le XIXe siècle où les pauvres par un curieux retournement de l'histoire leur confiaient le peu qu'il possédaient. Des bijoux en toc, une médaille du travail, une table faite à la main, le fauteuil du vieux, afin de pouvoir payer l'épicier à la fin la semaine. C'est un peu la même histoire que celle d'Yves Saint-Laurent et de Pierre Bergé.