Le G20 restera vain. On le sait. On y parlera morale... Des bonus, des traders, paradis fiscaux et autres symptômes dérisoires de la grave pathologie du malade. Bref on opérera un « déplacement » comme on dit en psychologie : le déplacement consiste en un mécanisme dans lequel une émotion,, une peur « comme peur que quelque chose arrive et vous précipite dans le déclin » sont déplacés de leur objet initial sur un objet substitutif acceptable. Cet objet substitutif, ce fantasme collectif peut-être la « moralisation » de la finance, construire in indice du « bonheur »(sic) ,l’ethnicisation des rapports sociaux en lieux et place des classes sociales ou bien encore l’angoisse de la pandémie comme pandémonium, suscitera quelques sacrifices de masse expiatoires. On a vu courir sur les medias le retour des rumeurs, notamment autour de la commémoration du 11 septembre, du « complotisme » de l’irrationnel, de la stigmatisation, de la délation de chacun comme bouc émissaire de tous. L’important est que Ce déplacement organise l’impératif du désarroi et aveugle la conscience: Sans cesse mettre au pas toute critique radicale…
Cette systémie du « déplacement » est d’autant plus nécessaire en ces temps de « crise permanente » qu’il s’agit de sauver le capitalisme, ce brave soldat. Dans une époque de l’instant sans mémoire, on vient de se souvenir que les civilisations sont mortelles. Cela ne peut se faire qu’entre maitres du monde, entre soi. Surtout cela ne peut se faire, car on le sait, le marché ne supporte aucune intervention qui vienne troubler son équilibre automatique réalisé instantanément selon la dangereuse spiritualité perverse de la pensée libérale. Il s’agit donc bien d’une aporie, d’un « «double bind » ou se télescopent des structures mentales comme produit direct des rapports d’accumulation du capital. Il en résulte une, inhibition de l’action, une impotence des états à limiter la prospérité du vice comme le dit Daniel Cohen dans son dernier essai.
Pourtant qu’on y songe un instant : l’humanité doit à cette pensée économique héritée des lumières occidentales la croissance et l’élévation continue sur le long terme du revenu moyen pourvu que l’État distingue la vertu de la corruption, la chose privée de la chose publique et veuille bien assigner le marché à sa place. La finance toxique est viralement nuisible, ne participe aucunement à l’élévation de ce revenu, à la croissance, au progrès puisque ses plus values retournent au capital. C’est même son acmé. Accumuler sans production, sans valeur d’usage, sans valeur ajoutée, sans partage. L’échange pur, comme une pierre philosophale. C’est ce qu’on a appelé à tort sa virtualité…Il s’agit davantage d’une mutation génétique de l’ADN économique dont le G20 est le « porteur sain » il ne posera donc aucun diagnostic ni pronostic, préconisera du paracétamol et s’en lavera les mains.
Pourtant les remèdes sont connus ainsi que la genèse du mal. La crise n’est pas née de la dernière pluie. Elle est l’enfant incestueux de la révolution conservatrice des années 80, au milieu des « trente piteuses » : les années fric, ou « si tu n’avais pas une Rolex 50 ans, tu n’étais rien » les années de la dérégulation, ou tout ce qui est humain ou bien marchand utile est considéré comme un coût… Ou l’être-ensemble devient une scorie, un résidu négligeable, car non calculable.
Comme si de lui-même l’ultra libéralisme créait son propre mythe des origines, courbait l’histoire pour être sa propre religion. Malthus et son célèbre apologue du banquet en est le prophète sinistre et coincé. Tout se passerait sans peuple, sans pauvres, sans malades, sans consommateurs. Uniquement entre soi…Au début de l’univers était le calculable…
La dérégulation : voilà l’ennemi !
Les grandes « respirations de l’histoire » comme disait kondratieff, les tempêtes de « destructions-créatrices » de Schumpeter ont éclairé les causes de la grande dépression des années trente…la séparation radicale des banques de dépôt dont la fonction est de l’ordre de l’intérêt général de celles dites « d’affaires » d’intérêt privés ont été une mesures radicale de décontamination sanitaire. Cela a été la règle, la Loi, jusque dans les années 80…plus subtil reste la préconisation de l’économiste Daniel Cohen : obligeons les porteurs sains à s’inoculer leur propres virus, à gouter leur infect brouet, obligeons les à s’intoxiquer de leur propres produits avant de les refiler aux autres comme le mistigri…Bref à se contaminer eux-mêmes. Encore une histoire de pandémie mondiale… Encore un « déplacement ».Toujours la peur, mais pour une fois pas pour les peuples….
Léonard Cohen chantait : « j’ai vu le futur, frère, c’est un meurtre. »