La chose publique (res publica) se meurt ! Les victimes se comptent par millions ! Des citoyens que plus jamais l’état républicain n’entendra, ni n’écoutera…Les politiques sont devenus des Princes sacrés, qui, avec leurs courtisans mettent leurs actes hors de portée du peuple profane. De nouveaux féodaux, ivres de leur puissance au point de faires de leur vie privée, de leur avidité, de leurs vices, une évidence au dessus des lois, d’être dans une confusion mentale telle qu’ils confondent les hommes d’Etat qu’ils se devraient d’être avec l’hommes privé, pathétique ramassis de petits secrets inavouables qu’ils érigent en vertus civiques !
On en appellerait aux mannes de Saint Just pour moins que cela!
Sous les vagues échos de l’expansion continue d’un hédonisme de bazar, soit disant anti totalitaire porté par des philosophes aussi nouveaux qu’indigents, sous les coups de la révolution conservatrice ultra libérale sans cesse renforcée par une pensée libertaire dévoyée, tout concours à vider le citoyen de son pouvoir, de sa souveraineté. La république n’est plus ni « une » ni « indivisible » : Elle est chose privée.
L’Etat et ses appareils ont implosé, se sont fragmentés... Les dégâts collatéraux sont immenses et irréversibles. C'est bien à la privatisation de l'État qu'on assiste. Triomphe du lobbying clientéliste de toute nature, corporations, associations, stars du showbiz, très riches, artistes près de leurs sous, sondages privés comme Ersatz d'expression citoyenne, Presse de révérence, ce nouveau clergé en charge du prêche : sans cesse le « déplacement » comme dispositif, la mise au pas de toute critique radicale.
Floraison de multiples baronnies, d'une mosaïque inextricable de petit fiefs, d’hommages, d'allégeances et de félonies qui se déchirent l'héritage des restes de l'État en des guerres privées… Guerres des fils pour emporter le pouvoir du père.
Dans ce monde liquide une seule chose certaine : le peuple est absent, inaudible et désemparé, contraint jusqu'à l'absurde, pour se faire entendre, d'utiliser les mêmes armes que le tyran...
L'effacement des conflits sociaux condamne les salariés au désespoir dans des entreprises de plus en plus cannibales où l'on se suicide, à transformer leurs luttes en spectacles médiatisables sans lendemains: incendie massif d'un dépôt du bus, Clip vidéo de rap prolétaire sur « you tube », ou « Face book », cyniquement décortiqué par des experts communicants épatés de l’inventivité des « gens d’en bas » dans l'émission « ce soir ont jamais » sur la trois !
La déréliction de syndicats pétrifiés par la méduse. Eux-mêmes en sont réduits, face au silence indifférent, à organiser des spectacles de rue, des « interventions »...n’osant plus la grève générale, s'excusant timidement d'avoir réuni si peu de monde ! Bientôt ils s'inscriront aux intermittents du spectacle… Les politiques ne sont pas en reste de mondanités spectaculaires : coups bas médiatiques en direct, tutoiement de maquignons, le vote privé à deux euros, la votation pour les services publics, où ils découvrent effarés, hébétés, que le référendum d'initiative populaire n'en est pas un, et que bien qu'il soit gravé dans le marbre la constitution, on a « oublié » d’en voter les lois de mise en œuvre...
Nous sommes dans un « totalitarisme tranquille » à la « démocratie confisquée » comme le dit André Bellon dans son ouvrage. Le temps est venu pour que les citoyens se sauvent eux mêmes, se réapproprient leur république, par de nouveaux cahiers de doléances. Que le peuple parle de nouveau et se fasse entendre en redéfinissant les règles du jeu politique, en élisant une nouvelle assemblée constituante au suffrage universel direct pour refonder la république et réaffirmer sa souveraineté.