Les VI Nations et le Stade Français ayant fait relâche ce week-end, notre spécialiste rugby a quitté Cardiff en voiturette de golf pour aller voir un match de Super 14.
De notre correspondant spécial à Whakapapa Village
Peyo Greenslip, comme son père, gendarme, n’avait pas encore de moustache sur le torse quand le professionnalisme a accouché, comme sa mère, porteuse, de cet assemblage bancal d’abord baptisé le Super Douze (prononcez « twelve »). Le petit bigourdan se levait alors la nuit, au milieu de ses rêves mouillés, admirer ces hommes d’un autre monde pratiquer un sport qui ne serait jamais le sien. Et puis, Peyo a grandi, aussi sûrement que l’élastique de son unique culotte. Quinze ans après, le Super est toujours Super, mais se joue à quatorze (prononcez « fourteen »), et Le Vestiaire, qui ne compte plus ses frais de déplacement, a donné à son analyste, sanguin, l’occasion d’aller jeter son œil de verre sur ce qu’il se passe, là bas, au pays des All Blacks et des kangourous.
Goode mourning
Finalement, s’assoir dans les tribunes d’un match de Super 14, c’est un peu comme regarder un film porno avec le décodeur : on y perd une part de magie. Les gars ont deux bras, deux jambes et Andy Goode à part, tous font des passes vers l’arrière. Si les placages y étaient autorisés, on pourrait presque croire qu’ils jouent au rugby. L’organisation en moins. Le Super 14, c’est en fait la fusion improbable d’Albi et du Stade Français : aucune âme, pas de défense, mais un lot de gamines à moitié nues et des pétards mouillés pour faire passer la pilule.
Max Guazzi l’amoureux a longtemps rêvé que les présidents du Top 14 se donnent la main pour dessiner ensemble un monde sans relégation ni enjeu où les maillots sont en fleur et les CD d’Hermes House Band partent aussi vite que les calendriers de mecs à poil. Ce monde existe et même Michalak l’a trouvé. Il n’a pas d’histoire, pas de passé. On y marque un essai toutes les trois minutes, c’est beau et rapide, ça passe bien à la télé, mais le public a compris depuis longtemps qu’on lui vendait juste des maillots et des rasoirs jetables à la mi-temps.
Pendant ce temps-là, nos banquiers fédéraux rêvent d’imposer un jour en France ce modèle franchisé plein de pognon et d’équipes aux noms ridicules. Le service marketing est déjà sur le pont : Vachettes de Biarritz ou Saucisses de Toulouse ?