Hier c’était le centenaire de la journée de la femelle. Par esprit de contradiction, par rébellion je n’ai pipé mot sur le sujet de la journée. Mais parce qu’il reste encore tant de choses à faire et tant de raisons de l’ouvrir, et bien je l’ouvre aujourd’hui.
Déjà parce que je me sens un tantinet concernée par le sujet, parce que je trime, parce que je jongle entre mes 14 vies tout en gagnant 25% de moins que le jeune boutonneux qui bosse à 3 mètres de mon bureau, parce que je lutte tous les jours contre les dernières traces du code Napoléonien. Je ne peux tourner le dos à ma génération de sexe faible qui s’est achetée des couilles ces 100 dernières années, qui ont laissé leur sang, leur honneur ou leur vie pour avoir le droit de vote, le droit d’ouvrir un compte en banque, ou simplement de disposer librement de leur corps. Pas besoin d’être Suffragette pour avoir envie que cessent les mauvaises blagues au sujet de la journée de la femme, pas besoin d’avoir été une Femme Française dans une vie antérieure pour continuer à avancer et pour souhaiter que l’on cesse de considérer la moitié de la population comme une minorité, intellectuelle, politique, sociale ou professionnelle.
Petit retour sur des dates qui font froid dans le dos… Il reste tellement de boulot, mesdames… alors à vos soutifs et à vos allumettes. Il faut dire qu’on part de loin, de très loin, limite on a un peu creusé…
Retour sur ce bon vieux code civil (1804) du très phallocrate Napoléon, empereur le jour, goujat de nature. Le code napoléonien établit sans ambigüité l’infériorité féminine : « Les personnes privées de droits juridiques sont les mineurs, les femmes mariées, les criminels et les débiles mentaux. ».
Avec sans comment vouliez-vous qu’on s’en sorte ? Pas d’accès à l’enseignement, interdiction de signer, de gérer ses biens, interdiction de bosser sans l’aval de Monsieur, ni de toucher son propre salaire, etc etc.
Exit le droit au divorce revendiqué et obtenu à la révolution française, le droit au travail, à la santé, et l’accès entre autre à la citoyenneté…
Merci qui ? merci Léon.
Ou je veux quand je veux !
1832 : Le viol est reconnu comme crime, mais attention : c’est le père ou le mari qui sont considérés comme « lésés » !
=>Hiiiii criera le mari, on a pris mon jouet maintenant il est sale…
1884 : Loi Naquet rétablit le divorce.
1909 : Le port du pantalon, pour les femmes, n’est plus un délit à condition qu’elles tiennent à la main un vélo ou un cheval.
=>Pour le pantalon y’a Eurocard Mastercard, voir leur tête devant une midinette en jean taille basse, string au vent… ça n’a pas de prix !
1938 : l’épouse n’est plus tenue au devoir d’obéissance à son mari.
1923 : l’avortement devient délit
1955 : L’avortement thérapeutique est autorisé.
1974 : La Loi Veil autorise l’avortement
=> rescapée des camps, résistante, elle en a bavé Simone, pour la liberté, pour les femmes. C’est presque dommage qu’elle ait fait de la politique
1980 : Loi précisant et élargissant la définition du viol.
=> Puisqu’on vous dit qu’elle a dit « Non », ça devrait suffire pourtant…
1992 : le délit de harcèlement sexuel dans les relations de travail est reconnu
1999 : Le Pacs est voté.
2000 : la pilule du lendemain en vente libre dans les pharmacies
2001 : l’avortement est dépénalisé
=> ce qui n’empêchera pas certaines de stocker dans leur congélo…
La fin du soit belle et tais toi…
1830 : Création des premières écoles de filles.
1867 : La loi Duruy crée des cours secondaires féminins publics.
1881 : Jules Ferry l’enseignement primaire public devient laïque gratuit et obligatoire tant pour les filles que pour les garçons de 6 à 13 ans.
1919 : Les filles ont accès aux universités.
1938 : Les femmes peuvent s’inscrire à l’université sans l’autorisation de leur mari.
Mon fric ma bataille
1907 : Les femmes mariées peuvent disposer librement de leur salaire.
1909 : Institution d’un congé de maternité (8 semaines).
1910 : les femmes peuvent retirer l’argent de leur livret de caisse d’épargne sans l’autorisation de leur mari
1913 : La loi Strauss rend obligatoire le repos après l’accouchement avec une allocation très faible.
1937 : Les femmes mariées peuvent obtenir un passeport sans l’autorisation de leur mari.
1938 : Suppression de l’incapacité juridique de la femme mariée
=> Elle peut avoir une carte d’identité et un passeport, ouvrir un compte en banque, sans l’autorisation de l’époux. On n’arrête pas le progrès !
1944 : De Gaulle accorde aux femmes le droit de vote et d’éligibilité.
=> dire que le taux d’abstention pourrait encore atteindre les 46% aux prochaines élections
1965 : Les maris français perdent le droit de veto sur le travail de leurs épouses, qui peuvent avoir leur compte en banque.
1966 : Les femmes peuvent exercer une activité professionnelle sans le consentement de leur mari.
1983 : Loi Roudy sur l’égalité des salaires et l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes : interdiction de toute discrimination dans l’emploi en fonction du sexe.
=> hum et c’est là qu’on reparle de l’écart de 25% sur un même poste ?
Alors ? Cela ne valait pas le coup de célébrer le centenaire de la journée de la femme hier, sans blagues vaseuses et autres raleries du type « oh ben merde alors c’est nul on nous case entre la journée de la lèpre et celle de l’art plastique » ? Il reste tant de chemin à faire, et pourtant nous sommes tellement favorisées, bien au chaud en occident. Lesquelles d’entre nous seraient prêtes aujourd’hui à reprendre le flambeau, sans tomber dans les putes, les soumises, les chiennes et les politicardes ?