Shanghai, take me to your dealer!

Publié le 09 mars 2010 par Wewowy

Expo universelle de Shanghai, la suite !

On s’était quitté, sur un édito fleuve et une promesse : revenir vers vous avec un mix des projets architecturaux les plus originaux. On ne fait généralement des promesses que pour avoir le plaisir de ne pas les tenir, mais pour cette fois on fait un effort.

Ne comptez pas sur nous ici pour vous faire une présentation exhaustive de chaque pavillon avec des roughs en pagaille et du baratin technico-technique. On laisse ça aux spécialistes qui le feront bien mieux que nous, comme l’excellent site archdaily.com qui a développé tout un dossier sur Shanghai 2010, que nous vous conseillons vivement d’aller parcourir au lieu de lire la suite de cet article.

On vous aura prévenu…

De notre côté nous nous sommes plutôt attachés, avec la légèreté qui nous caractérise, à tenter de répondre à 2 questions fondamentales :

  • Qu’est-ce qui a bien pu inspirer les architectes dans la conception de leurs pavillons
  • Et surtout, qui est leur dealer?!

Car le moins que l’on puisse dire c’est que les archis de l’expo semblent en plein trip, comme emportés dans un tourbillon créatif qui frôle parfois le délire halluciné quasi psychédélique. Mais comment en est-on arrivés là?

Les architectes, hantés et fragilisés par l’angoisse de la page blanche, ont-ils cédé aux sirènes de ces marchands de rêve qui promettent de vous ouvrir les portes d’un monde luxuriant peuplé de couleurs, de formes et de matières parmi lesquelles on peut piocher à loisir? La pression de tout une nation qui s’en remet à vous, l’ultimatum créatif qui approche, l’obligation de faire du neuf avec de vieux pays qui tentent de se racheter une image ont-ils eu raison de leur raison? Qui sait? Les voies de la créativité sont impénétrables, fussiez-vous équipés d’une machette et d’une bonne paire de bottes.

Ce qui compte c’est le résultat, et pour le coup il est plutôt barré! Un sacré coup de blush donné à un événement qui commençait à avoir le teint un peu terne. Nous en tout cas on adhère et on adore, comme tout ce qui concourt à instiller un peu de folie dans un monde trop sérieux qui tend irrémédiablement vers l’aseptisation générale. Une chose est sûre, les 100 millions de terriens attendus à Shanghai pour l’exposition universelle risquent bien d’être victimes d’une hallucination collective.

Jugez plutôt.

  • Pavillon français

La sensualité. Les brésiliens auraient pu en revendiquer l’AOC mais l’équipe de Jacques Ferrier leur a grillé la politesse en en faisant le coeur de son concept. Ce quadrilatère de 6000 m2 enserré dans une fine structure de béton ultraléger et flottant sur un plan d’eau sera habillé, en son coeur, d’un jardin à la française vertical. Un mélange original entre le stade du Nid d’Oiseau inauguré à Pékin pour les JO, et le jardin de la Dame de Coeur d’Alice au pays des merveilles. Le lapin blanc ne doit pas être très loin…

  • Pavillon chinois

Le pavillon chinois, du haut de ses 63 m, est 3 fois plus haut que les autres pavillons. C’est le privilège du pays hôte… L’architecture de la “couronne de l’orient” comme on appelle cet édifice (le resto chinois du même nom à Belleville fait le meilleur canard laqué de Paris), a été inspirée par le dougong, un élément distinctif de l’architecture chinoise datant de 2000 ans.

  • Pavillon suisse

Un pur délire! Les architectes ont souhaité symboliser le yin et le yan en jouant le contraste entre la ville et la nature. Le bâtiment est drapé d’un gigantesque rideau biodégradable fabriqué à base de graines de soja et équipé de cellules photovoltaïques. L’espace central représente la cité, avec l’effervescence et l’agitation qui la caractérise. Un télésiège permet de quitter la pesanteur de la ville pour la légèreté de la montagne en gagnant le toit du bâtiment pour un voyage de 10 mn au milieu des vallées verdoyantes helvètes. L’histoire ne dit pas s’ils ont poussé le niveau de détail jusqu’à y mettre des vaches laitières.

  • Pavillon des Emirats Arabes Unis

La collocation amène généralement son lot de problèmes. Les 7 émirs des EAU n’ont cependant pas dû avoir trop de mal à s’entendre sur le choix d’un symbole commun pour représenter le pavillon qu’ils partagent. Des dunes, ils en ont tous à revendre. Et bien en voici une de plus! Le pavillon prend la forme d’un gigantesque bac à sable dont la dune principale fait 20m de haut.

  • Pavillon finlandais

Le pavillon finlandais est sans doute l’un des plus pur et élégant niveau design. Il a été pensé comme un saladier géant dans lequel les idées se rencontrent et se mélangent, d’où son nom “le giant’s kettle”. C’est aussi l’une des stars des forums internet où il est déjà comparé à un lavabo ou à un bol de nouilles…

 Réclame : « Vous aussi participez à notre grand jeu en exprimant en commentaire de cet article, ce que vous inspire le design du pavillon finlandais!»  -


  • Pavillon britannique

Le “Pavillon des idées” ressemble à un gigantesque oursin en lévitation, dont les épines électro luminescentes flottent dans le vent en dessinant des motifs psychés. Un projet qui ne ressemble à rien de très british mais qui ne manque pas de piquant.

  • Pavillon danois

Pour comprendre le sens de ce quadrilatère rouge traversé en son centre par 2 allées perpendiculaires, il suffit de prendre de la hauteur. Le pavillon danois, qui joue sans complexe la carte nationaliste, n’est rien d’autre qu’un drapeau danois en 3 dimensions à l’architecture futuriste.

  • Pavillon roumain

C’est bien connu, la pomme est un fruit hautement symbolique, porteur de valeurs universelles partagées par tous les pays du monde : la santé, la connaissance, la fraîcheur & la tentation. C’est donc dans une grosse pomme, plantée au coeur d’un environnement bucolique que les roumains vont poser leurs valises pendant 6 mois. Pas sûr que Michael Bloomberg et Steve Jobs apprécient…

  • Pavillon de Macao

On reste dans la symbolique, mais dans une symbolique moins accessible, plus mystérieuse… Enfin pour nous en tout cas. Pourquoi les architectes de Macao ont-ils décidés de dessiner leur pavillon à l’image d’un gigantesque lapin avec un corps de verre et une tête en baudruche qui bouge? N’ayant pas réussi à trouver la réponse à cette question, nous sommes allés nous balader sur wikipedia en quête d’informations sur la mythologie chinoise liée au lapin qui pourraient nous apporter des clefs de compréhension.

Le lapin serait le symbole du culte de la lune, sur laquelle, selon la légende, vivrait un lapin.
Consommer du lapin aurait aussi des vertus médicinales. Le lapin étant très prolifique, il est considéré, comme un symbole de fécondité.
Les chinois feraient aussi porter aux enfants des chaussons taillés en forme de tête de lapin, censés les aider à marcher plus rapidement.

Pas sûr que ces informations nous éclairent beaucoup. On repart tout de même avec une conviction. Les fumeries d’opium existent toujours dans les bas fonds de la Macao, pour le plus grand plaisir de ceux qui sont en quête d’inspiration.

Credits roughs 3D : archdaily.com