Jeanne Cherhal vient de sortir CHARADE, son 4ème album solo. La petite Nantaise avec ses couettes à la Fifi Brindacier, derrière son piano, est désormais loin. On pourrait même dire qu’un virage a été pris avec son précédent album, L’eau. S’éloignant de ces textes incisifs chantés derrière un piano (qui lui ont permis de toucher un large public avec son second album, 12 fois par an), avec L’eau Jeanne a fait évoluer sa musique. Les instruments sont passés au premier plan, délaissant parfois ces qualités de conteuse du quotidien.
Charade semble confirmer cette évolution, puisqu’on retrouve une Jeanne touche à tout, prenant des risques, et devenue une vraie chanteuse.
Dans son nouvel album, Jeanne propose 11 chansons reliées par un fil conducteur : une charade en 4 parties. Isolée pendant un an dans un studio entre Paris et Madrid, Jeanne a véritablement tout fait. C’est elle qui a enregistré tous les instruments (après les avoir apprivoiser) : clavier, basse (dont L’eau nous avait montré son coté rock), batterie, synthétiseur, guitares.
Les textes disent souvent JE, mais s’éloignent une fois de plus, des habitudes du quotidien.
Cet album semble être centré sur l’homme et ses tourments. L’homme y est traité sous tous les angles : En toute amitié, premier single de l’album, parle de l’ambiguïté des relations amicales où les limites ne sont toujours pas clairement définies.
L’homme est aussi comparé à l’animal dans Certains animaux, où Jeanne a du prendre un certain plaisir à enregistrer les instruments. Sa voix surprend. Elle s’essaie aussi au chanté-parlé sur Lorsque tu m’as.
La jolie surprise de l’album vient sûrement de la reprise de la chanson My body is a cage d’Arcade Fire, francisée pour le coup, Mon corps est une cage.
Ma préférée pour le moment est Plus rien ne me fera mal, où sur une musique légère, Jeanne semble avoir trouvé sa voix.
Alors oui, on est loin de son premier album live enregistré à Nantes. Loin aussi de 12 fois par an. Mais Jeanne évolue et ça fait partie du jeu. Elle livre ici un album avec plus de sons pop, enrichi d’expérimentations sonores et vocales.
Pour les nostalgiques, sachez que la chanson bonus, Astoria (qu’elle avait interprété aux Bouffes du Nord en juillet 2009), rappelle ses chansons de la première heure. Un texte plus direct, au son dépouillé, racontant la rencontre entre Juliette Gréco et Miles Davis lors d’un séjour New-Yorkais.
En parlant de chansons bonus, le vertigineux duo Brandt Rhapsodie avec Benjamin Biolay, a été rajouté sur les versions numériques de l’album.
Il ne faut pas oublier que Jeanne Cherhal vient avant tout de la scène et je ne doute pas qu’elle va nous une fois de plus nous surprendre de façon Cherhalienne lors de sa tournée.
L’album est disponible sur Deezer, Spotify et sort lundi 8 mars dans les bacs.
Clip de Mon corps est un cage