Joss Stone foulait ce dimanche 7 mars le sol du Cirque Royal de Bruxelles où elle a offert une prestation à la fois fine et délicieuse.
Lorsqu’on décide en âme et conscience d’aller voir une chanteuse au physique avantageux en concert, il faut généralement s’attendre à observer deux types de publics sortir de la masse : les gays à tendance hystérique et les vieux pervers. M’attendant à côtoyer au moins l’une des deux castes, quelle ne fut pas ma surprise lorsqu’en pôle position, prêt à exprimer toute la sensualité de mon corps dans une osmose commune, je me heurtai à un public fantôme et inerte, probablement là pour combler une soirée d’ennui. Etait-ce le choix du Cirque Royal (où la plupart des places étaient donc assises), une moyenne d’âge dépassant – parfois largement- la trentaine ou le froid polaire extérieur, mais on frisa de peu la paraplégie générale.
Affirmer pourtant que Joss Stone ne déçoit pas a tout d’un euphémisme. Sensuelle et consciente de l’être, la vraie beauté délivre avec l’enthousiasme et la candeur de ses 22 ans un set lumineux et sans calcul. Pieds nus comme pour mieux ressentir son corps, celle qui est apparue aux côtés de James Brown, Aretha Franklin ou Tom Jones, connaît au moins autant qu’eux ce que veut dire la musique et le prouve d’entrée de jeu par un très nuancé Chokin’ Kind. Tour à tour dans la passion ou l’espièglerie, la voix chaude de Joss Stone fait justice à des morceaux réarrangés tels que les excellents Less Is More ou Fell in Love With a Boy dont la durée rallongée rappelle une Jam Session plutôt participative.
S’enchaînent ainsi avec mesure, transitions savantes et sans temps morts, les titres les plus relevés et groovy de ses quatre albums desquels on retiendra plus particulièrement Parallel Lines, l’inspiré Music ou l’improvisé You Had Me joué entre deux chansons à la demande expresse d’une fan.
Pleine de charme et de caractère, la jeune femme s’amuse de toute évidence assez pour tester de nouvelles compositions ou changer sa « setlist » au cours du concert et ce, sans le moindre trac apparent. Balancé par le rythme du très logique Big ‘Ol Game (Life is just a bi gold game to me/I’d like to be number one on your team/call me baby!), l’excellent moment de soul moderne se termine après presque deux heures de plaisir personnel où Joss semble réellement signifier chaque parole grâce à sa signature vocale inimitable. On regrettera cependant qu’elle n’ait du se confronter à un public, qui s’il était tout convenablement enthousiaste, semblait manquer cruellement d’esprit…
Setlist :
1. The Chokin’ Kind
2. Free Me
3. Tell Me What We’re Gonna Do Now/Turn Your Lights Down (Bob Marley cover)
4. Put Your Hands On Me/Baby Baby Baby
5. Less Is More
6. Don’t Cha Wanna Ride
7. Bad Habit
8. You Got The Love
9. Music
10. Could Have Been You
11. Parallel Lines
12. You Had Me
13. Incredible
14. Unreleased Song
15. Fell In Love With A Boy
16. Tell Me ‘Bout It
17. 4 and 20
18. Big ‘Ol Game
J.B.